Après la crise économique, Monaco vante ses atouts pour continuer à attirer de nouveaux riches résidents
La pression internationale a fait perdre du terrain au secret bancaire et la crise économique a raréfié les investissements, semant l'inquiétude dans la principauté. Le Rocher, dont le PNB par habitant est l'un des plus élevés au monde, a donc entamé une bataille d'image pour attirer de nouvelles fortunes.
Les habitants ne paient pas d'impôts sur le revenu, à l'exception des Français et des Américains. Mais face à d'autres concurrents de la mappemonde, Monaco communique sur ses autres facettes : Albert II a installé un « Conseil stratégique pour l'attractivité »qui doit plancher sur l'évolution du pays face à « une vraie révolution géo-économique ».
Le Rocher met tout d'abord en avant ses sept cents ans de stabilité politique, jamais chamboulée par des élections. « Le Prince est le garant suprême afin que les étrangers qui habitent à Monaco , qui y travaillent et y investissent, soient toujours préservés dans leurs droits », a rappelé le chef d'État le 16 juin.
La principauté organise également des réunions d'entrepreneurs et s'appuie sur les résidents étrangers pour se faire connaître. « On joue sur toutes les cartes pour faire connaître Monaco […]. C'est un travail de fourmi », décrit le ministre d'Etat (chef du gouvernement) Michel Roger. Le prince Albert II, voyageur infatigable souvent accompagné par des hommes d'affaires, est le premier VRP du pays.
Paradis fiscal
Parallèlement, Monaco veut battre en brèche les « clichés », qui selon elle ternissent son image. Une récente campagne de publicité, destinée uniquement à un public français plutôt dubitatif, évoquait la diversité de ses entreprises.
Car l'image d'un paradis fiscal, voire d'un lieu où l'argent peut être blanchi, continue à coller à la peau de Monaco, qui s'en offusque après avoir conclu des accords de coopération avec les administrations fiscales de 24 États. Cette transparence accrue a permis de sortir en 2009 de la « liste noire» des paradis fiscaux établie par l'OCDE, puis de la « liste grise ».
Depuis une dizaine d'années, Monaco traque aussi les clients suspects, venus blanchir de l'argent sur une côte réputée pour les incursions mafieuses. « Nous sommes plus sévères que nombre d'États européens. Car, dans un grand pays, la présence d'un mafieux ne remet pas en cause son image », souligne Michel Roger. L'an dernier, il a signé 38 arrêtés de refoulement.
Dernier cliché injustifié : celui qui consiste à considérer Monaco comme un empire du jeu. « On a toujours tendance à dire que Monaco est la capitale du jeu par exemple, or ce secteur d'activités ne représente que 4% de son PIB! », opine ainsi Stéphane Bern. « Personne ne parle des entreprises de nanotechnologies installées à Fonvielle», qui reflètent la modernité de la principauté, estime le journaliste.
Urbanisation
Le plus petit pays souverain du monde (en dehors du Vatican) s'étend sur cinq quartiers, formant un paysage urbain dense, où les tours ont poussé anarchiquement. Le fruit essentiellement d'une frénésie constructrice sous l'ère du prince Rainier, à partir de la fin des années 50, qui lui valut le titre de "prince bâtisseur".
Du coup le prince Albert a demandé d'étudier d'ici 2013 une nouvelle extension du territoire sur la mer, de 5 à 8 hectares, qui prolongerait le quartier d'affaires et d'habitations de Fontvieille, déjà entièrement construit sur la mer sur 22 hectares.
La principauté a besoin de "350.000 m2 supplémentaires tous les dix ans" pour construire des logements, des équipements et développer les activités économiques, juge le gouvernement, qui y consacre jusqu'à 30% de son budget. Les surfaces gagnées abriteront des clients fortunés (prix d'achat entre 15.000 et 50.000 euros le m2, voir 80.000 euros). La principauté doit aussi construire pour les Monégasques de souche, une population en croissance naturelle qui bénéficie de loyers fortement subventionnés.
Dernière réalisation gagnée sur la mer : une immense digue semi-flottante de 350 mètres sur le port principal pour accueillir les bateaux de croisières. A la veille du mariage princier, 15 grues pointent leur nez dans le paysage et pas moins de 27 grands chantiers privés et publics sont en cours.
Ils ont choisi Monaco
Les célébrités, qui participent à l'aura des lieux, vont et viennent dans ce petit État, où les résidents sont exemptés d'impôts à condition d'y avoir une adresse.
Sportifs : le Serbe Novak Djokovic (numéro deux mondial de tennis), le Belge Philippe Gilbert (numéro un mondial du cyclisme) ainsi que ses compatriotes du monde cycliste Tom Boonen et Eddy Merckx (installé depuis deux ans).
Artistes : l'acteur britannique Roger Moore ou la chanteuse Shirley Bassey. Le musicien Ringo Starr, ancien batteur des Beatles, y a élu domicile, tout comme le baryton italien Ruggero Raimondi.
Hommes d'affaires: le patriarche du Nutella, l'Italien Michele Ferrero. Mais aussi Philip Green, richissime dirigeant de chaînes de magasins britanniques, qui arrive en hélicoptère après avoir posé son jet privé à Nice. Les jumeaux David et Frederick Barclay, propriétaires de journaux britanniques comme le Daily Telegraph, ont une adresse officielle à Monaco, mais sont plus connus pour être reclus dans le château néo-gothique de leur île anglo-normande.
Pour avoir une carte de séjour de résident monégasque, il faut vivre dans la principauté six mois et un jour par an. Un impératif parfois contourné grâce à des femmes de ménage qui ouvrent discrètement les vannes du chauffage, chuchotent les Monégasques.
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