Attentats de Charlie Hebdo : "J'ai longtemps senti l'odeur de la poudre"
Lors de l'attaque contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, Laurent Léger, reporter à Charlie Hebdo, se trouvait dans la salle de rédaction. Refugié sous une table, il a vu ses collègues tomber sous les balles des frères Kouachi. Cinq mois après ce drame, les faits résonnent encore en lui, et son insouciance a disparu.
"Il y a peu de jours sans que quelque chose nous le renvoie dans la figure. J’ai longtemps senti l’odeur de la poudre. J’ai de temps en temps des images, des flashs. On a face à soi un monde très hostile, fou, il ne faut qu’aucun d’entre nous ne baissent la garde car on ne sait pas ce qu’il peut se passer demain, " raconte Laurent Léger, reporter.
Laurent Léger est resté lié aux autres survivants, même si ces dernières semaines il y a eu des tensions chez Charlie Hebdo. Ce qui les lie est quelque chose d’unique de très fort. "Ce qui est arrivé a créé une vraie envie de solidarité, de collectivité. On pense beaucoup à eux tout le temps, aux blessés, il y en a qui souffrent encore énormément physiquement, pour eux c’est très dur. "
Continuer malgré tout
Les victimes directes, les proches des victimes se retrouvent au Palais de justice de Paris car les juges qui enquêtent sur les attentats de janvier leur font régulièrement des points d’étape pour les informer des avancées.
Des rendez-vous que Laurent Léger suit au plus près car il aimerait savoir qui étaient les commanditaires. Habitué des enquêtes au long cours, auteur de plusieurs livres, journaliste engagé, il a envie de conserver cet esprit, même si ce n’est pas facile.
"Aujourd’hui, on fait un journal transitoire, mais quel journal on va pouvoir faire quand on aura choisi une nouvelle formule ? Qui on est ? Comment continuer la critique des religions ? Est-ce qu’on va pouvoir préserver notre indispensable liberté ? Comment on va dessiner tout ça, puisque nous sommes dans un manque cruel de dessinateurs ? On est tous fatigués au point que certains ne supportent plus de faire le journal, " explique Laurent Léger.
Malgré des périodes d’interrogation et de désintérêt, Laurent Léger veut absolument continuer. "L’excitation de l’enquête revient, et ça, c’est une bonne chose. "
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