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Camp rom évacué à Bobigny : deux semaines plus tard, un goût d'échec

Deux semaines après l'évacuation du camp rom des Coquetiers à Bobigny, voulue "exemplaire" par le préfet, le bilan est très mauvais. Les enfants en paient notamment les frais.
Article rédigé par Hélène Lam Trong
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Des femmes avec enfants se sont retrouvées à la rue © RF/ Hélène Lam Trong)

Il y a deux semaines, au début des vacances de la Toussaint, le camp rom des Coquetiers à Bobigny était évacué par la police. 350 personnes y vivaient depuis plusieurs années, et fait rare pour un bidonville, presque tous les enfants y étaient scolarisés. D'énormes moyens ont été mis en oeuvre par la préfecture de Seine-Saint-Denis pour faire de cette opération un "modèle" du genre. Mais au retour des vacances, familles, associations et préfecture sont au moins d'accord sur une chose : le bilan est très mauvais.

Gare du Nord lundi, Andréa Caizzi donne les dernières instructions au petit Slavi et à ses parents. Le président de l’Association pour la scolarisation des enfants Roms (ASET 93) tente de cacher son désarroi. Ces familles qu’il suit parfois depuis des années ont un aller simple vers ailleurs, payé par la préfecture. Elles ont quitté leur campement dans l’urgence et partent sans préparation vers l’inconnu. En cela, l’opération coûteuse et inédite des Coquetiers a selon lui été bâclée.

"Si le contrôleur nous embête il faut dire qu’on est des Turcs"

Avant de monter dans le train pour Amiens, Slavi explique à sa petite sœur de 4 ans qu’il faudra éviter les ennuis pendant le voyage : "Si le contrôleur nous embête il faut dire qu’on est des Turcs". Les deux enfants bulgares n’ont pas envie de partir. A cause des vacances, ils n’ont même pas pu dire au revoir à leurs camarades de Bobigny. Et ils n’ont qu’une crainte : qu’aucune école ne les accueille dans leur nouvelle ville. Et peur de reprendre une fois encore à zéro. Les copains, la maîtresse, le CE2…repartira t-il un jour en classe de mer comme l’an dernier ? A Amiens, est-ce qu’il y aura des cours de rattrapage pour les enfants comme lui ?

A Bobigny, dans sa classe de l’école Marie Curie, la chaise de Slavi, comme celle de plusieurs de ses camarades sera vide aujourd’hui. Alors Véronique Decker, la directrice de l’établissement est furieuse. D’autant que ce petit garçon rieur était justement un bel exemple d’une scolarisation réussie.

Le préfet reconnaît que l’essai n’a pas été transformé

La préfecture avait pourtant promis que tout serait fait dans les règles et quelque part…. proprement. Malgré l’argent dépensé, des familles ont été séparées, des enfants et leurs parents jetés sur le trottoir, et des chambres insalubres louées à prix d’or sont restées vides. Didier Leschi, le préfet délégué à l’égalité des chances en Seine Saint Denis, reconnaît que l’essai n’a pas été transformé. Mais l’évacuation du camp des Coquetiers reste selon lui ce qu’on a tenté de mieux pour les Roms dans le département.

 

Mais la question se pose et on lui demande au préfet Leschi… quand même est-ce que ces dysfonctionnements à la chaîne ce n’est pas un fait exprès ? Est-ce qu’on ne cherche pas tout simplement à décourager les familles ? Il s’en défend.

 

Bonne volonté mais problème ultra complexe selon les autorités. Méconnaissance du sujet et cynisme du point de vue des associations. La vérité est quelque part entre les deux. Et il y a encore 43 bidonvilles dans les terrains vagues de Seine-Saint-Denis.

Deux semaines après l'évacuation des Roms de Bobigny... c'est un reportage d'Hélène Lam Trong
 

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