Emmanuel Macron annonce l'entrée au Panthéon de l'historien et résistant Marc Bloch, fusillé par la Gestapo en 1944

La petite-fille de Marc Bloch a réagi à cette panthéonisation à venir en disant sa "très grande émotion et fierté".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Portrait non daté de l'historien Marc Bloch, arrêté par la Gestapo à Lyon et exécuté le 16 juin 1944. (APIC / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

"Pour son œuvre, son enseignement et son courage", Emmanuel Macron a annoncé samedi 23 novembre la prochaine entrée au Panthéon de l’historien et résistant Marc Bloch (1886-1944), arrêté et fusillé par la Gestapo en 1944. L'annonce est intervenue lors du discours du président pour commémorer le 80e anniversaire de la Libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944.

Professeur d'histoire médiévale à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l'étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l'économie. Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch était resté en France malgré la répression qui s'abattait sur les juifs.

L'historien s'était engagé dans la Résistance en 1943, avant de devenir un des chefs pour la région lyonnaise. L'auteur de L'Etrange défaite, écrit en 1940 et publié après la guerre, avait été arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

L'extrême droite "exclue" de la cérémonie ?

La famille de Marc Bloch a réagi à l'annonce du président, 80 ans après la mort du résistant. "C'est une très grande émotion et fierté. Il s'est donné corps et âme pour la liberté et contre le nazisme", a déclaré sa petite-fille Suzette Bloch à l'AFP. Responsables politiques et historiens appelaient depuis longtemps à sa panthéonisation.

Dans une lettre au président dont l'AFP a obtenu copie, la famille demande, au regard de l'engagement de Marc Bloch, que "l'extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie" d'entrée au Panthéon.

"L'œuvre de ce patriote convaincu est profondément antinationaliste, construite contre le roman national et la réduction de l'histoire française aux frontières nationales", écrivent sa petite-fille Suzette Bloch et son arrière-petit-fils Matis Bloch.

Il souhaitait un hommage "purement civil"

Le 19 février, la présence de Marine Le Pen à la panthéonisation de Missak Manouchian, contre l'avis de ses descendants et du président, avait fait polémique. Quelques jours plus tôt, l'ancienne présidente du Front national avait en revanche renoncé à se rendre à l'hommage national à Robert Badinter.

Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé l'écrivain Maurice Genevoix, la figure politique française et européenne Simone Veil, la résistante Joséphine Baker et le résistant communiste d'origine arménienne Missak Manouchian. Le président a aussi annoncé celle de Robert Badinter, décédé le 9 février 2024.

Le père de l'abolition de la peine de mort entrera au Panthéon avant Marc Bloch en 2025, selon l'entourage du chef de l'Etat. La famille de Marc Bloch souhaite aussi que l'hommage soit "purement civil", comme Marc Bloch le demandait dans son testament.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.