Narcomicides : le sénateur PS Jérôme Durain plaide pour "un dialogue nourri entre la justice, la police et Bercy"

"Il faut que l'on se repose les questions que nous nous sommes posées en commission, l'argent, la prison, la tête de la pieuvre plutôt que les petites mains ordinaires du trafic", explique lundi dans franceinfo soir le sénateur et président de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France.
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Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire, président de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France, le 15 juillet 2024 à Dijon (Côte-d'Or). (JC TARDIVON/MAXPPP)

"Tant qu'on n'a pas de solution gouvernementale avec un dialogue nourri entre la justice, la police et Bercy, on ne fera pas du bon travail", a plaidé, lundi 7 octobre dans franceinfo soir, Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire, président de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France, alors que les narcomicides ont atteint "une sauvagerie inédite" la semaine dernière à Marseille, selon les mots du procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone. Mercredi, un jeune de quinze ans a été poignardé une cinquantaine de fois et brûlé vif. Deux jours plus tard, un chauffeur de VTC de 36 ans, père de famille, a été abattu par un adolescent de 14 ans. 

Au mois de mai, la commission d’enquête du Sénat sur l’impact du narcotrafic en France avait proposé la création d'un parquet anti-stups et d'une "DEA à la française", en référence à la Drug Enforcement Administration, une agence fédérale américaine. Mais "rien n'a changé depuis", déplore Jérôme Durain. "Il faut que l'on se repose les questions que nous nous sommes posées en commission, l'argent, la prison, la tête de la pieuvre plutôt que les petites mains ordinaires du trafic, détaille le sénateur. Ce sont des questions qu'il faut régler."

"Si on bricole, il y aura d'autres morts, malheureusement."

Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire

dans franceinfo soir

Jérôme Durain rappelle que la commission d'enquête avait "produit un consensus" entre ses membres. "On a abouti à un certain nombre de propositions, plusieurs dizaines, sur lesquelles nous sommes tous tombés d'accord." Mais il "craint" que l'on "n'ait pas le courage d'aller jusqu'au bout". Le consensus "on a su le faire sur le terrorisme en ayant un dispositif global. Tous les services se parlent, ça fonctionne". Mais concernant le narcotrafic, le sénateur constate que "la justice ne parle pas suffisamment à la police, que la police ne parle pas suffisamment à la justice" sans oublier "Bercy" ainsi que le "renseignement". "Tant qu'on ne fait pas le choix d'un pilotage unique, avec un vrai patron - nous, on disait une DEA à la française - alors on va continuer de bricoler", alerte Jérôme Durain. 

Un "travail de fond" à mener

Sur la question des plus jeunes impliqués dans les règlements de comptes dans le narcotrafic, la commission "avait déjà fait le constat de ce rajeunissement des auteurs et des victimes de violences", explique Jérôme Durain. "Ce sont des gamins dans des situations sociales extrêmement compliquées, qui ont pour référentiel ces violences. Quand il y a des actes de barbarie, des actes tortures, des violences, des tabassages en règle, tout ça est mis sur vidéo et diffusé sur les réseaux." Ces jeunes "les plus déstructurés ont ça comme référentiel" avec le "mythe de la kalachnikov et de la violence", souligne le sénateur. Il y a donc "un travail de fond" à mener, qui passe "par une forme de répression".

Mais il y a aussi une "question sociale, une question de prévention, une question d'accompagnement". Jérôme Durain suggère notamment d'"exfiltrer les fratries". "Quand on sait qu'un gamin commence à être tenté ou plonge dans la drogue", il faut "peut-être faire attention à ses proches". "Plutôt que de condamner les familles, il faut aider les familles à sortir du quartier pour éviter la contamination de tous", ajoute le sénateur.

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