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Ouverture d'une première salle de shoot en France, plus de dix ans après l'Allemagne et l'Espagne

L'ouverture d'une salle de shoot à Paris lundi 17 octobre est une première en France, alors que des expériences ont été lancées depuis plus de dix ans en Espagne et en Allemagne, où la controverse est moins vive.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La premiere salle de consommation de drogue à moindre risque, dite "salle de shoot " ouvre lundi 17 octobre à l'hôpital Lariboisière dans le Xe arrondissement de Paris (LEON TANGUY / MAXPPP)

Une première "salle de shoot" officielle ouvre lundi 17 octobre à Paris dans le Xe arrondissement. Cette salle de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) a fait l'objet d'une controverse et de la crainte des riverains, l'exemple espagnol montre des effets positifs sur la mortalité par overdose. A Berlin, le contexte est depuis longtemps apaisé, mais le nombre de salles semble insuffisant. 

Des salles en Catalogne mais un centre fermé à Madrid

L’Espagne est parvenue à dépolitiser peu à peu le débat depuis le vote d’un plan national antidrogue dans les années 80. La première salle de consommation a été ouverte à Madrid en 2000. Si elle a été fermée en 2011, c'est pour des raisons budgétaires, selon l'explication avancée par la région. Ensuite, la Catalogne a ouvert jusqu’à une douzaine de salles. Bilbao, au Pays basque espagnol, dispose également d'un centre. À la fondation "Santé et Communauté", Xavier Ferrer, psychologue et spécialiste des questions de drogue, a supervisé la salle installée dans un quartier de Madrid où la consommation et la vente étaient très habituelles. Le docteur Ferrer a constaté des bénéfices immédiats pour les toxicomanes.

La mortalité par overdose a diminué de manière importante. En onze ans, il n'y a eu que trois morts, alors qu’auparavant, il pouvait y en avoir jusqu’à trois par semaine.

Xavier Ferrer, psychologue à Madrid

En Espagne, les protestations du voisinage des salles sont habituelles. Elles ont été à nouveau entendues, en septembre dernier, lors de l’ouverture d’un nouveau centre à Barcelone. Mais la situation tend à s’apaiser avec le temps.

Trois salles à Berlin, capitale sous-équipée 

A Berlin, Kerstin Dettmer dirige l’association Fixpunkt, en charge des trois salles de shoot qui accueillent près de 500 usagers par mois. Ces centres, implantés depuis douze ans dans la capitale allemande, font partie du paysage, ce qui n’a pas toujours été le cas. Kerstin Dettmer se souvient de la mobilisation des habitants du quartier et des manifestations, quand le premier centre a ouvert à Berlin. "Les gens ne voulaient pas de ces centres", dit-elle. "Ils parlaient du danger pour leurs enfants .Aujourd’hui, ça se passe bien, il n’y a plus de problèmes", ajoute-t-elle. Plus que de simples salles de shoot, ces centres se veulent des lieux de prévention et d’accompagnement, avec un suivi relativement strict et réglementé. A Berlin, la consommation anonyme n’est pas autorisée.

Quand un toxicomane vient pour la première fois, il doit signer un contrat. Il est interrogé sur son logement et les drogues prises les 30 derniers jours. C’est beaucoup d’infos pour quelqu’un qui vient seulement consommer.

Kerstin Dettmer, association Fixpunkt, Berlin

Malgré ces précautions, la capitale allemande reste sous-équipée. Depuis deux ans, le nombre de décès liés à la drogue est reparti à la hausse, avec 90 morts enregistrés depuis début 2016.

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