Discriminée par la RATP : "Mon salaire est presque deux fois inférieur à ce qu'il devrait être"
Pour la 40e journée internationale des droits des femmes, franceinfo a choisi de donner la parole à Laure Thibaut, cadre à la RATP, discriminée par son employeur en raison de son sexe et de congés parentaux.
Laure Thibaut, polytechnicienne, a déjà passé 21 ans à la RATP, la régie autonome des transports parisiens. "Une belle maison qui affiche des principes et qui ne les applique pas forcément en réalité", explique la cadre à l'occasion de la 40e journée internationale des droits des femmes qui se tient mercredi 8 mars. La RATP n'a d'ailleurs pas souhaité répondre à franceinfo et n'a pas fait honneur aux trois diplômes d'ingénieur de Laure Thibaut.
Une porte ouverte... vers un placard
"À défaut d'avoir un poste, je suis syndicaliste", lance-t-elle avec une pointe d'ironie. Syndiquée à Sud RATP, Laure Thibaut a 50 ans et cinq enfants âgés de 14 à 24 ans. Être mère et mener une carrière, elle y croyait. Selon elle, son employeur lui a bien ouvert la porte. Mais pas celle qu'elle souhaitait. "Ma placardisation a débuté il y a cinq ans, dit-elle. En gros, mon salaire est presque deux fois inférieur à ce qu'il devrait être aujourd'hui si j'avais mené une carrière de polytechnicienne normale."
En juin 2015, la RATP a été condamnée par la cour d'appel de Paris pour discrimination. Et elle a dû repositionner Laure Thibaut comme cadre supérieure, "ce que je devrais être depuis de nombreuses années". En 1998, elle a pris un congé parental à temps plein pendant 18 mois avant de reprendre à 80%. "Le problème, c'est que j'ai perdu le type de poste d'encadrement que j'avais avant, quand j'encadrais 60 personnes. Je me suis trouvée dans une logique de chargée de mission", souligne-t-elle.
Une femme qui souhaite concilier son travail avec sa vie de famille, ça engendre le temps partiel. Et c'est le temps partiel qui engendre la discrimination.
Laure Thibautà franceinfo
Lorsque la justice a examiné l'affaire, l'avocat de la direction a tenu des propos "abominables". "J'ai entendu de sa bouche : 'Elle ne voulait pas travailler, elle a réussi à ne pas travailler... et maintenant, elle utilise le fait qu'elle est une femme, l'égalité professionnelle, pour récupérer les promotions qu'elle ne méritait pas', raconte la polytechnicienne. Heureusement que je n''étais pas enceinte. Sinon j'aurais accouché en salle d'audience."
Quand on a vécu une telle discrimination, quel regard porte-t-on sur l'intérêt de la 40e journée internationale des droits des femmes, Laure Thibaut répond : "On lit beaucoup. Et je suis d'accord : la journée du 8 mars, ça sera bien quand elle n'aura plus lieu d'être". "Ce jour-là, on fait des reportages. Et puis le lendemain matin, rien ne change", conclut-elle.
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