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Féminicides : "C'est toute une société qui est malade de cette violence et qui doit prendre conscience de ce fléau", affirme la ministre Elisabeth Moreno

"On sous-estime la dangerosité des agresseurs, des personnes qui commettent des violences intrafamiliales", selon la ministre.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, samedi 20 février sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"C'est toute une société qui est malade de cette violence et qui doit prendre conscience de ce fléau", a affirmé mardi sur franceinfo Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances après le féminicide commis dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 mai à Hayange, en Moselle, et deux semaines après celui perpétré à Mérignac, en Gironde.

Elisabeth Moreno assure que ses collègues Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin "ont bien compris qu'il fallait travailler sur une meilleure coordination des différents services de la Justice et de l'Intérieur".

franceinfo : Quel est votre sentiment après le nouveau féminicide qui s'est produit à Hayange?

Elisabeth Moreno : Ces féminicides sont une réalité très dure du sexisme jusqu'au-boutiste qui est à l'œuvre dans notre pays. Ces femmes ont été tuées par leur ex-conjoint parce qu'elles sont femmes et parce qu'ils ont refusé qu'elles les quittent. Depuis 2017, depuis que le président de la République a décidé que la grande cause du quinquennat serait l'égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les violences faites aux femmes a été le premier de cette grande cause. On ne peut pas parler d'égalité si les femmes, tous les deux ou trois jours dans notre pays, meurent sous les coups des conjoints ou des ex-conjoints. Je pense qu'on sous-estime la dangerosité des agresseurs, des personnes qui commettent des violences intrafamiliales, parce que souvent, c'est dans le foyer. Mais on le voit dans le cas du féminicide de Mérignac, cette pauvre Chahinez, et ce week-end de cette pauvre Stéphanie, ça se passait dans la rue. Donc, c'est toute une société qui est malade de cette violence. Les associations qui luttent contre les violences intrafamiliales expliquent qu'elles prennent une dimension de plus en plus grave et de plus en plus dramatique. Et c'est la raison pour laquelle nous devons nous en saisir. Est ce qu'il y a défaillance ? Il y a des retours d'expérience qui sont faits sur ces différentes situations. Que ce soit Eric Dupond-Moretti ou que ce soit Gérald Darmanin, ils ont bien compris qu'il fallait travailler sur une meilleure coordination des différents services de la Justice et de l'Intérieur. Nous allons nous saisir de cette question et faire en sorte d'apprendre de ce qui a dysfonctionné pour pouvoir continuer de progresser parce que beaucoup a été fait. Mais il reste encore beaucoup à faire et tant qu'il y aura des féminicides, nous ne nous arrêterons pas sur ces questions.

"C'est toute une société qui doit prendre conscience de ce fléau auquel ces femmes sont confrontées."

Elisabeth Moreno

à franceinfo

Est-ce que c'est aussi le signe, malheureusement, que l'on prend peut être pas suffisamment au sérieux les paroles de ces femmes qui s'expriment ?

Jamais on n'a parlé autant de féminicide dans notre pays que depuis ces trois dernières années. Il y a encore quelque temps, lorsqu'il y avait un féminicide, c'était un petit encart dans un journal local. Aujourd'hui, les radios, la presse, les médias se saisissent de ces questions et en parlent à la une. C'est toute une société qui doit prendre conscience de ce fléau auquel ces femmes sont confrontées. Et je pense que de plus en plus, que ce soit les forces de l'ordre, les premiers remparts à cette violence, que ce soit la justice, avec les bracelets anti-rapprochement, avec la démultiplication des ordonnances de protection, avec les téléphones grave danger, tout cela a été démultiplié. Je pense qu'on ne peut pas dire qu'on n'entend pas la parole, parce que ce serait injuste. La libération de la parole est de plus en plus présente et qu'on la prend en considération. Mais il faut aussi reconnaître que nous partons de loin et que c'est un travail de longue haleine. Et c'est pour cela qu'il faut accélérer le processus et qu'il faut faire en sorte qu'il y ait une meilleure coordination des différents services qui travaillent sur ces questions.

C'est pour cette raison que le 3919, ce service d'écoute, va être renforcé ?

Depuis 2017, il y a eu quatre lois qui ont été votées pour protéger les femmes qui sont victimes de violences. Il y a eu un Grenelle des violences conjugales, dont 46 mesures sont issues pour protéger les femmes de ces violences. Et dans le cadre de ces différentes mesures, nous avons décidé de travailler avec la Fédération nationale solidarité femmes qui, depuis plus de trente ans, travaille pour protéger femmes qui sont victimes de violences. Et dans le cadre du Grenelle, le président de la République avait décidé qu'il fallait faire en sorte que cette ligne soit disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24, sur les territoires ultramarins, dans l'Hexagone, qu'elle soit accessible aux personnes en situation de handicap, aux personnes malentendantes, aux personnes aphasiques, aux personnes sourdes. Cette convention que nous avons signée mardi 25 mai vient concrétiser cette mesure phare du Grenelle des violences conjugales. Et je compte évidemment sur le travail que fait la FNSF et les 73 associations qui travaillent avec elle pour aider les victimes à prendre conscience des violences qu'elles subissent et qu'elles sortent de leur isolement. Mais aussi pour les soutenir et les encourager dans ce processus de libération de la parole en leur montrant qu'elles ne sont pas seules et les accompagner dans leurs démarches en les informant de leurs droits et en les orientant vers les acteurs et les dispositifs existants. Et c'est comme ça que nous arriverons à enrayer ce fléau parce qu'il s'agit là d'enjeux de vie ou de mort, parce que les attentes sont extrêmement fortes en la matière dans notre société et nous ne pouvons pas, nous ne devons pas échouer sur ces questions.

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