Simone Veil : son amie Gisèle Halimi "pleure" une femme "gaie", "drôle", qui "savait choisir la cause juste"
Gisèle Halimi, avocate, militante féministe, et amie de l'ancienne ministre de la Santé, se souvient d'une femme qui "n'était pas seulement la Simone Veil de l'IVG, elle était une femme juste."
Simone Veil, morte vendredi 30 juin à l'âge de 89 ans, "était la vie elle-même, la vie malgré tout, la vie malgré le malheur", a réagi Gisèle Halimi, avocate, militante féministe, et amie de l'ancienne ministre de la Santé. "C'est la soeur que je me serais choisie", s'émeut-t-elle.
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franceinfo : Quelle femme était Simone Veil ?
Gisèle Halimi : Simone Veil, c'est la soeur que je me serais choisie. Bien sûr, il y a nos combats communs, mais il y a tout le côté affectif que nous partagions, nos virées incognito, parce que vous savez, ministre de la Santé, elle fumait en cachette ! On se cachait dans des bistrots des portes de Paris où personne ne pouvait nous reconnaître. J'avais une affection pour elle, parce qu'elle n'était pas seulement la Simone Veil de l'IVG, elle était une femme juste. Elle savait choisir la cause juste, en dehors de la cause des femmes. Je me souviens, j'étais à l'Assemblée nationale, et j'avais organisé une réunion sur la Palestine. Elle n'était pas prévue au programme, elle est venue à l'improviste, parler, on a échangé. Elle avait un don, d'ailleurs. Elle avait un caractère exécrable. Je me souviens d'une de vos consoeurs, qu'elle a rabrouée d'une manière... Mais elle avait le sens de la justice, parce qu'après elle est venue la voir pour s'excuser. C'est une soeur que je perds aujourd'hui. Et c'était une femme très gaie, très drôle. On se payait des fous rires dans ces bistrots !
Drôle, malgré le drame épouvantable qu'elle a connu, la Shoah, la perte de ses parents ?
Oui, justement c'était ça, l'étonnant ! C'était une femme qui était la vie elle-même, la vie malgré tout, la vie malgré le malheur. Même son combat, que nos adversaires ont caricaturé, c'était un combat pour la vie ! Cela a beau s'appeler l'avortement, c'était quand même sauvegarder la vie de ces milliers de femmes qui avortaient clandestinement. C'était la vie, parce que c'était le choix de la vie, et non pas la vie imposée. Je suis très émue en parlant d'elle.
Simone Veil avait-elle conscience d'être très aimée des Français ?
Je ne sais pas, je ne le dirais pas comme cela. Elle était consciente que ce qu'elle faisait, elle devait le faire. Elle avait un petit cercle, mais elle était quand même très heureuse d'être reconnue. Elle se sentait elle-même juste, au sens fort du mot. C'était vraiment mon amie, vraiment. Je la pleure.
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