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Strasbourg : pourquoi l'agression d'une jeune fille en jupe est-elle mise en doute ?

L'agression d'une jeune fille dans une rue de Strasbourg qui a affirmé avoir été insultée et frappée parce qu'elle portait une jupe est mise en doute par les éléments de l'enquête. L'épluchage de la vidéosurveillance et l'appel à témoins n'ont rien donné et le témoignage de la jeune femme a légèrement varié.

Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Alsace
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le témoignage d'Elisabeth, qui raconte avoir été agressée au prétexte qu'elle portait une jupe à Strasbourg, le 18 septembre 2020. (FRANCE BLEU / RADIO FRANCE)

L'affaire a été révélée par France Bleu Alsace le 21 septembre, suscité une vague d'émotion mais est désormais mise en doute par les enquêteurs. Une étudiante de 22 ans raconte avoir été insultée et frappée au visage le 18 septembre vers 14h à Strasbourg parce qu'elle portait une jupe. Dans la foulée de son agression, elle a porté plainte au commissariat.

Elisabeth explique avoir croisé trois hommes d'une vingtaine d'années, près de la médiathèque Malraux à Strasbourg : "Un des trois hommes me dit 'regardez cette pute en jupe'. Je me permets de répondre 'pardon ?'. Là, ils me répondent 'tu te tais salope et tu baisses les yeux'. Deux m'attrapent chacun par un bras et le troisième me donne un coup de poing au visage. Et après, les trois s'enfuient", témoigne-t-elle. Elisabeth poste sur les réseaux sociaux les photos de son visage avec un œil au beurre noir, provoquant une importante indignation. "La jupe n'est pas responsable de l'agression, et la femme encore moins", déclare Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, qui se déplace immédiatement à Strasbourg.

Pas d'image de vidéosurveillance

Le 22 septembre, la police de Strasbourg (DDSP) annonce qu'elle ouvre une enquête pour "violences commises en réunion suivies d'une incapacité n'excédant pas 8 jours" et qu'elle procède "au recueil de témoignages et à l'exploitation des images de vidéo-protection". D'après le témoignage, l'agression a eu lieu quai des Alpes, un endroit fréquenté en lisière du centre-ville. Mais plusieurs jours après, les enquêteurs manquent de preuves. Les images des caméras de vidéosurveillance du quai des Alpes ne montrent pas d'agression.

Pas de témoin

Juste après la révélation de l'agression, la DDSP lance un appel à témoins. Il ne donne rien, ce qui est "rare" d'après les enquêteurs. Personne n'y a répondu, alors que l'affaire a été très médiatisée. Elisabeth avait de plus affirmé qu'une quinzaine de personnes avaient assisté à la scène mais que personne n'avait réagi ni appelé les secours. "C'est ce qui me révolte le plus dans l'histoire", avait-elle alors raconté à France Bleu.

Une version fluctuante

De nouveau entendue par les enquêteurs, la jeune femme indique s'être trompée de lieu, et qu'elle en réalité était plus proche de son domicile au moment de l'agression. Les enquêteurs ont donc examiné d'autres caméras, dans le secteur du nouveau lieu présumé de l'agression, et épluché 50 heures de vidéo : un travail colossal pour une affaire comme celle-là, selon un policier. Mais là encore, sur les images, on ne voit ni Elisabeth, ni les trois hommes. Les enquêteurs se mettent dès lors à douter sérieusement de son témoignage, mais poursuivent leurs investigations. Pour l'instant, la jeune femme est la seule à avoir été entendue dans cette affaire.

Une appartenance à un collectif controversé

Contactée le 7 octobre, Elisabeth affirme à France Bleu Alsace dire la vérité : "Est-ce que je me suis réveillée comme ça avec d'un œil au beurre noir ?" Et elle se dit abasourdie par la violence de certains commentaires sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes pointent notamment le fait qu'Elisabeth fait partie du groupe Stras Défense, collectif controversé créé cet été sur Facebook qui lutte contre le harcèlement de rue et se présente comme apolitique.

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