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Violences faites aux femmes : de l'aide aux plus jeunes pour qu'"on ne ridiculise pas leurs histoires d'amour"

Des initiatives se mettent en place pour tenter de les protéger les jeunes femmes de 18 à 25 ans, avec des formes de communication propres à leur génération.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'association "En avant toutes" à Paris utilise internet et ses outils pour aider les jeunes femmes à se sortir des violences de couple.  (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Alors que les violences et le harcèlement dans le couple peuvent se produire dès les premières relations, les 18-25 ans ne représentent que 11% des femmes qui se rapprochent des structures pouvant les accueillir. Des initiatives se mettent en place pour tenter de les protéger, avec des formes de communication propres aux jeunes générations. 

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Dans l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, une grande pièce aux murs colorés a été investie par l'association En avant toute(s). Installée devant un ordinateur, son principal outil de travail, Louise Delavier, 26 ans, l'une des animatrices, explique la conception du site internet, construit avec des conseils, dit-elle, comme sur un magazine féminin.

Le site parle des violences en abordant la question par l'angle du couple.

Louise Delavier, animatrice à l'association En avant toute(s)

à franceinfo

L'internaute peut par exemple découvrir une rubrique intitulée "Comment va votre couple ?". La thématique alerte d'emblée sur les violences, explique la jeune femme, précisant s'être appuyée sur l'expertise de l'association en matière de violences conjugales. Chaque rubrique comme "Parfois il me fait peur" ou "Il est violent quand il a bu" explique les critères de l'abus en les formulant par des mises en situation concrètes : "Il dénigre tes projets", "Il veut contrôler ta manière de t'habiller", "Il t'insulte", "Il lit tes textos"... Les descriptions sont illustrées de gifs animés et de photos qui parlent à la jeune génération.

Un tchat pour libérer les émotions

Depuis son ordinateur, Louise anime aussi le tchat, plus apprécié par certains jeunes que le téléphone.

Beaucoup de femmes ont peur de la barrière de la voix. Elles nous disent qu'elles n'auraient pas téléphoné, estimant que certaines choses sont trop dures à dire.

Louise Delavier

à franceinfo

L'écrit, selon l'animatrice, permet aussi d'utiliser des émoticônes, quand les mots ne peuvent pas sortir. Des jeunes femmes font ainsi passer le message de leurs peurs, de leur tristesse, de leur souffrance. L'association compte renforcer ce moyen de communication et a lancé un appel aux dons. 

Des jeunes dans l'attente d'une écoute 

Ynaée Benaben, 28 ans, a été à l'origine de la création de l'association En avant toute(s) en 2013. Elle avait alors constaté que les jeunes femmes étaient quasiment invisibles dans la prise en charge des violences. "Les jeunes ont l'habitude qu'on ridiculise parfois leurs histoires d'amour. Elles savent qu'elles peuvent s'entendre dire que qu'elles se remettront d'une amourette, alors que la souffrance et la violence sont réelles", explique-t-elle. La jeune femme estime que la France est en retard. "Il n'a pas de ministère pour les droits des femmes, juste un secrétariat d'Etat, doté du plus petit budget", constate-t-elle.

L'Etat ne se responsabilise pas de cette question, alors que le changement est possible. Les associations de terrain ont déjà proposé des plans d'action, réalisables, pour que cela change en cinq ans, en dix ans, en vingt ans.

Ynaée Benaben, responsable des programmes à l'association En avant toute(s)

à franceinfo

Outre des moyens budgétaires, Ynaée Benaben fait le rêve qu'un jour, l'éducation des filles et des garçons soit égale et que disparaissent les clichés d'un autre âge générant des comportements d'un autre âge. 

Le reportage de Grégoire Lecalot auprès de l'association En avant toute(s), luttant contre les violences faites aux femmes, en particulier aux plus jeunes.

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