Bac philo : "Une petite référence à un contexte contemporain"
Le baccalauréat a débuté ce mercredi avec l’épreuve de Philo. Un matière souvent redoutée par les candidats, et qualifiée d'"héroïque" par la philosophe Adèle Van Reeth, qui présente Les Nouveaux chemins de la connaissance, sur France Culture. "Les élèves ont eu neuf mois pour découvrir des auteurs, apprendre à faire une dissertation, trouver une problématique, et ils ont quatre heures pour ressortir tout cela. Donc c’est une épreuve héroïque. "
Les sujets de cette année : "Une oeuvre d'art a-t-elle toujours un sens?", "La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité?", "Suis-je ce que mon passé a fait de moi?" et "L'artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?", sont dans l'air du temps et en lien avec l'actualité. Mais cela n'a rien d'étonnant pour Adèle Van Reeth. "Les sujets ne sont jamais fabriqués de toutes pièces hors temporel. Il y a toujours une petite référence à un contexte contemporain. "
"Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?"
Les sujets de la filière littéraire a beaucoup plu à la philosophe Adèle Van Reeth. "Je trouve les sujets de cette année très beaux. Les questions qu’il soulève ont un écho direct sur le candidat. Comment ne pas se sentir concerné ? Comment ne pas prendre en compte son expérience ? "
"Si on a lu Bergson on sait que la mémoire est déterminante dans la question de l’identité. On a deux thèmes dans le sujet : le temps et l’identité. Comment les deux s’articulent. On peut aussi penser à Nietzsche qui loue les vertus de l’oubli. Pour être ce que nous sommes il faut savoir oublier, se délester d’un certain passé. »
"Respecter tout être vivant est-ce un devoir moral ?"
"Cela permet de se demander si la morale doit inclure d’autres formes de vie que la vie humaines. Est-ce qu’on peut avoir une attitude morale vis-à-vis de la nature, des animaux ? " Des thèmes très écologistes alors que se tiendra à la fin de l’année la grande conférence sur le climat.
"La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité ?"
Difficile dans cette question, posée aux candidats de la filière scientifique, ne pas voir une référence à l'actualité. Adèle Van Reeth explique que se demander si la politique échappe à l’exigence de vérité, c’est se demander si le mensonge est inévitable en politique. "La référence à l’actualité est autorisée dans les rédactions sous réserve d’en montrer les enjeux philosophiques. Pourquoi pas le cas Jérôme Cahuzac pour le tirer vers une réflexion qui dépasse l’actualité, pour s’interroger sur le devoir moral du représentant politique. "
Enseigner la philosophie avant la terminale
Ce que l’on demande en terminale ce n’est pas de savoir philosopher mais de savoir faire une dissertation. "Comprendre cela permet de démystifier ce qui est en train de se passer. On a appris dans l’année à déceler une problématique, rédiger une introduction, tracer un plan. C’est à la portée de tout le monde, ce n’est pas faire de la philosophie mais structurer sa pensée," explique Adèle Van Reeth. Une méthode que l'on pourrait acquérir avant.
L’enseignement de la philosophie devrait se faire bien avant la terminale. "Je suis en faveur d’un enseignement qui commencerait dès la seconde, parce que trois ans ne serait pas trop pour se familiariser avec la pensée des philosophes et apprendre cette méthode de la dissertation. "
Dans certaines écoles, la philosophie est abordée dès le primaire par le biais d'atelier. Une initiative à laquelle adhère totalement Adèle Van Reeth. "La philosophie c’est aussi le goût de poser des questions, de s’interroger sur des choses dont on n’a pas forcément la réponse. Cette curiosité on l’a quand on est plus jeune. "
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