Bacheliers refusés en fac : les trois reproches de l'Unef aux universités
Le syndicat étudiant dénonce des méthodes de "sélection illégale" des candidats aux licences. Francetv info revient sur les principales critiques formulées à l'encontre des universités.
Les universités ferment leurs portes aux bacheliers. C'est le constat alarmant de l'Unef. Le syndicat étudiant s'inquiète dans un rapport, publié mercredi 15 juillet, du nombre croissant de bacheliers qui resteraient sur le carreau. Selon ce document, des formations de l'enseignement supérieur pratiqueraient une sélection illégale de leurs futurs étudiants. 54 universités sont pointées du doigt.
"Plusieurs milliers de bacheliers n’ont pas pu s’inscrire dans la filière universitaire de leur choix. Ces bacheliers, souvent issus des catégories populaires, ont été refusés à cause d’une sélection illégale, d’un tirage au sort ou de capacité d’accueil trop restrictive", indique l'Unef dans un dossier de 23 pages.
Ce qui inquiète le syndicat étudiant, c'est l'accroissement possible des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur. Cette tendance serait la conséquence, selon le syndicat, d'une "politique d'austérité" imposée aux universités. Francetv info détaille les raisons mises en avant par l'Unef pour expliquer cette situation.
1Des budgets serrés pour les universités
Les universités doivent assurer leurs missions avec un budget au moins constant, le plus souvent réduit. L'Unef estime que les établissements répercutent cette situation sur les conditions d'accès. "Avec un budget en stagnation et un prélèvement de 100 millions d’euros sur leurs fonds de roulement, les établissements cherchent à refermer leurs portes en diminuant leurs capacités d’accueil", regrette le syndicat étudiant. Il rappelle en outre que sept universités françaises sont en déficit. Et l'organisation de citer l'exemple de Paris 13, qui "a été mise sous tutelle pendant quatre ans, avec jusqu'à six millions de déficit".
Les présidents d'université ont déjà dénoncé les coupes budgétaires, prévues notamment dans le cadre du projet de loi de finances de 2015, dont ils étaient victimes. "Cette amputation supplémentaire n’est pas soutenable financièrement pour les établissements qui n’ont plus aucune marge de manœuvre", s'alarmait ainsi la Conférence des présidents d'université dans une motion (PDF) adoptée le 20 novembre 2014. Le président de la République François Hollande a répondu à leur inquiétude, le 12 décembre, en annonçant le rétablissement des 70 millions d'euros de crédits aux universités, supprimés du budget 2015 par les députés.
2Des capacités d'accueil réduites
La réduction des dépenses publiques touche les universités au moment où le nombre d'étudiants progresse. Les demandes d'inscription à l'université pour la rentrée 2015 ont augmenté de 6,5% par rapport à 2014, selon les chiffres communiqués par l'Unef. Un afflux complexe à absorber pour les diverses formations proposées en France. Le résultat de l'étude du syndicat étudiant n'a rien de rassurant : 30% des formations seraient dans l'incapacité de répondre à toutes les demandes d’inscription des bacheliers. Dans l’académie de Besançon, l’Unef recense ainsi 31 filières à capacité d’accueil limitée. C'est le cas aussi à Limoges où leur nombre est passé de 4 à 25 entre 2014 et 2015, rapporte Le Figaro.
Les capacités d’accueil bien trop faibles seraient à l'origine de ce blocage. "Le droit aux études, pourtant garanti par le Code de l’éducation, est donc remis en cause dans les faits", appuie le dossier de l'Unef. Une situation que ne nie pas Jean-Loup Salzmann, président de la Conférences des présidents d'université : "Bien sûr que les universités connaissent des difficultés. Le nombre d'étudiants ne cesse d'augmenter." Mais pour lui, il n'est pas question d'entendre parler d'établissements qui ferment leurs portes aux futurs étudiants. "Les difficultés budgétaires s'aggravent mais les capacités d'accueil sont maintenues. A la fin du processus, tous les étudiants trouveront une place dans une université", assure-t-il.
3Des "sélections illégales" pour plusieurs formations
Les directions d'université feraient donc le tri entre les candidatures. D'après l'Unef, les formations sélectionneraient illégalement les bacheliers sur dossier, sur entretien ou par tirage au sort. "A chaque fois, ces formes de sélection relèvent d’une démarche élitiste. Peu préoccupées par la démocratisation des études, les universités préfèrent concentrer leurs moyens sur des filières sélectionnant un nombre réduit d’étudiants", dénonce le syndicat. L'organisation syndicale a rendu publics les noms des 15 universités les plus concernées par ce système. Mais au total, ce sont 334 formations qui sont visées. La carte ci-dessous les regroupe par académie :
La région parisienne concentre la majorité des cas dénoncés par l'organisation étudiante. L'académie de Paris est la plus mauvaise élève avec 125 formations pointées du doigt dans six universités de la capitale. L'université de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), dans l'académie de Versailles, est aussi concernée avec 22 formations mises en cause.
Pour Jean-Loup Salzmann, ces accusations sont infondées : "La sélection dans certaines filières n'a rien d'illégal. Le tirage au sort n'est pas une bonne solution. Mais la sélection basée sur les dossiers et les connaissances des étudiants n'a rien d'aberrant." Ces procédés de sélection se font surtout pour des formations spécifiques, notamment les doubles licences. "Il s'agit de cursus très exigeants nécessitant une capacité de travail comparable à celle attendue en classe préparatoire. La sélection permet de limiter le risque d'échec si on sait que certains étudiants ne réussiront pas à survivre", justifie Bruno Sire, président de l'université Toulouse 1, à L'Etudiant.fr.
Mais l'Unef va plus loin. Elle assure que les directions dissuadent les candidats qui ne correspondraient pas aux critères des licences. Dans des échanges de courriels avec les administrations de plusieurs formations, le syndicat – qui s'est fait passer pour un candidat – a obtenu ce type de réponse : "Je vous conseillerais d’essayer de changer d’orientation au plus vite, pour ne pas perdre une année." Le syndicat demande au gouvernement de faire respecter le Code de l'éducation qui donne un "droit aux études". Sauf que le texte précise qu'une sélection à l'entrée est possible si les capacités d'accueil sont limitées...
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