Coût de la vie étudiante : "Un revenu minimum pourrait avoir des vertus pédagogiques", plaide le président de l'université de Strasbourg
"Nous pensons qu'un revenu minimum étudiant pourrait avoir des vertus pédagogiques et économiques", a plaidé mardi 19 septembre sur franceinfo Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg. Il est l’un des signataires d'une tribune publiée par Le Monde, avec treize autres présidents et présidentes d’université, appelant à la mise en place d’une "allocation d’études pour tous les étudiants". "Quelques pays d'Europe l'ont testée, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, et c'est une réussite", a souligné Michel Deneken.
franceinfo : Qu'est-ce qui vous pousse à demander cette allocation ?
Michel Deneken : C'est une contribution au grand débat lancé par la ministre. Nous saluons les efforts qu'elle fait pour que les allocations et les bourses étudiantes augmentent, mais on s'aperçoit que ces aides cumulées ne viennent pas à bout de la précarité étudiante.
Que proposez-vous ?
Notre contribution n'est pas une idée en l'air. Nous pensons qu'un revenu minimum étudiant pourrait avoir des vertus pédagogiques et économiques. Quelques pays d'Europe l'ont testée, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, et c'est une réussite. Pour nous, ce serait un plus social de responsabiliser des jeunes, avec un revenu au niveau du Smic, par exemple. On supprimerait les complications des allocations, et on aurait un retour sur l'économie puisque ces jeunes seraient plus impliqués dans la vie économique.
C'est donc un investissement sur l'avenir ?
Beaucoup d'étudiants aiment travailler, mais ils déplorent au bout de quelques semaines que le travail envahit leur temps d'étude, les fatigue et les rend plus vulnérables. Nous pensons que des jeunes libérés de cette épée de Damoclès, qui est le travail pour payer le loyer, pourraient être plus vite diplômés. Donc, on gagnerait en années de formation.
Combien d'étudiants dans votre université sont obligés de travailler et sacrifient des heures de cours ?
Nous pensons qu'au moins un tiers des étudiants ne pourraient pas s'en sortir, malgré les aides et les allocations ou la débrouillardise, sans travailler. On se plaint que les jeunes n'ont plus de motivation, mais si on a envie d'investir en eux, il faut les aider. On ne va pas en faire des assistés. Ce seront des étudiants responsables d'un budget qu'on leur apprendra à gérer, et qui seront des acteurs économiques, professionnels et culturels plus rapidement.
Craignez-vous que l'université soit réservée aux riches ?
Cela peut le redevenir. Aujourd'hui, nous sommes dans une université où 80% des bacheliers et des bachelières viennent chez nous. Donc, on ne peut plus avoir une politique qui considère que les familles envoyant leurs enfants dans le supérieur ont les moyens. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Sortir de la précarité n'est pas un Smic d'assistanat. C'est un contrat d'allocation d'études qui évoluera au fil du cursus. Les économistes nous disent que c'est gagnant-gagnant.
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