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Éducation nationale : l'affectation et les mutations des professeurs, comment ça marche ?

Selon le syndicat d'enseignants Snes-FSU, il manque un professeur dans près de la moitié des établissements du secondaire en cette rentrée scolaire 2023. Une situation qui pose la question de l'affectation des enseignants. Un prof est voué à être, dès le début de sa carrière, en "mouvement" selon la terminologie officielle. Quelques explications.
Article rédigé par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une classe d'école élémentaire (illustration). (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Choisit-on la région ou l’école dans laquelle on veut travailler quand on est un professeur titulaire ? Non, bien sûr, on exprime des vœux et l’académie choisit. On se doit de participer au "mouvement" pour obtenir un premier poste ou en changer. 

>> Après la rentrée scolaire, il manque un professeur dans près de la moitié des établissements du secondaire, selon une enquête du Snes-FSU

La première affectation 

Tout fraîchement diplômé, le professeur des écoles de l’enseignement public passe un concours. C’est l’académie dans laquelle il le passe qui est déterminante : il sera forcément affecté dans l’un des départements qui la composent. D’abord comme stagiaire, c’est le "mouvement interdépartemental", puis comme titulaire sur un autre poste, c’est "le mouvement départemental", c’est-à-dire que l'enseignant aura un poste dans l’une des écoles du département où il a été premièrement affecté. 

Certaines académies offrent plus de chances de réussite en raison du nombre de postes disponibles et du nombre de candidats, parfois inégal. C’est le cas par exemple des académies de Créteil ou de Versailles. Mais il faut être prêt à y rester quelques années. 

Mais ça, ce sont les règles pour le premier degré (l’école maternelle et l'école élémentaire). Pour le second degré (le collège, le lycée d'enseignement général et technologique ou professionnel), le "mouvement" est national. Les enseignants sont affectés en fonction des besoins.

Affecté selon un système de points 

Comme les élèves sur Parcoursup, les professeurs doivent exprimer des vœux, sur des applications spécifiques (SIAL pour l’affectation des lauréats de concours du second degré, SIAM pour les mutations dans les premier et second degrés). 

Tout au long de sa carrière, des points sont attribués à l'enseignant. Tout d’abord en fonction de son classement au concours, pour son affectation en tant que stagiaire. Il en gagne ensuite en fonction de son ancienneté, de sa situation personnelle et familiale (handicap, rapprochement de conjoint, nombre d’enfants à charge), etc.

Ce barème est mis en concurrence avec l’ensemble des demandes et des besoins d’enseignement à pourvoir dans l’ensemble du territoire concerné. Plus le professeur a de points, mieux il est classé, et plus il a de chances d’obtenir l’un de ses premiers vœux.

Toujours comme sur Parcoursup, il est conseillé d’exprimer plusieurs vœux (35 au maximum) pour ne pas, en cas de refus, se retrouver dans l’établissement dont personne n’aura voulu. Pour les aider, le ministère met à disposition des enseignants un comparateur de mobilité.  

La mutation, un parcours du combattant 

Les enseignants peuvent demander une mutation géographique. Un professeur des écoles peut demander par exemple, à changer d’établissement (mouvement départemental) ou de département (mouvement interdépartemental). Un professeur du second degré peut lui participer au mouvement interacadémique pour changer d’académie ou seulement au mouvement intra-académique pour obtenir un nouveau poste dans son académie.

>> Infographies. Rentrée scolaire : dans quelles disciplines et académies manque-t-il le plus d'enseignants ?

Tout enseignant peut également formuler une demande de rapprochement de conjoint si la personne qui partage sa vie doit déménager. En 2019, 26 868 demandes de mutation ont été formulées pour la phase interacadémique du mouvement, dont 32,3% motivées pour rapprochement de conjoint. 76,9% de ces dernières demandes ont été satisfaites.

Une fois titulaire, le professeur peut ne formuler qu’un seul vœu, celui qu'il souhaite vraiment. S'il ne l’obtient pas, il conserve son poste. Il y a aussi la possibilité de participer au "mouvement national PoP" (Postes à Profil). L’objectif de ce dispositif est de proposer aux enseignants des postes qui requièrent des compétences, qualifications et/ou aptitudes particulières en lien avec le projet de l’école ou de l’établissement, les caractéristiques territoriales ou avec les missions du poste. L’intérêt est de pourvoir les postes proposés, hors barème, par des profils adaptés à leurs exigences. L’affectation sur un poste PoP implique une stabilité de trois ans. Après, si l'enseignant veut changer, il est susceptible de bénéficier d’une bonification de son barème. Les fiches de postes seront publiées le 16 novembre sur Colibris (accès via SIAM i-prof).

Les mutations sont examinées au regard, d’une part, des capacités d’accueil et de sortie de chaque département en fonction des besoins d’enseignement estimés pour la rentrée à venir et, d’autre part, d’éléments de classement déterminant un barème indicatif pour chaque vœu formulé. Si la mutation est refusée, l'enseignant peut former un recours administratif. .

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