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Education sexuelle à l'école : "Si ça doit être une priorité nationale, il faut donner aux établissements les moyens nécessaires", estime un syndicat de personnels de direction de l'Education

Trois associations attaquent l'État en justice pour réclamer davantage de séances d'éducation à la sexualité à l'école.
Article rédigé par franceinfo
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Seulement 15% des lycéens et 20% des collégiens ont bénéficié des trois séances de l'éducation sexuelle obligatoires en 2022. Photo d'illustration. (MATHIEU HERDUIN / MAXPPP)

"Si ça doit être une priorité nationale, il faut donner aux établissements les moyens nécessaires", a estimé jeudi 2 mars sur franceinfo Audrey Chanonat, secrétaire nationale du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN). Trois associations, SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial considèrent que l'État manque à ses obligations en matière d’éducation sexuelle à l’école et vont saisir la justice administrative pour le contraindre à appliquer la loi. Seulement 15% des lycéens et 20% des collégiens ont bénéficié des trois séances obligatoires en 2022. "On est loin du compte", admet-elle, mais "c'est très compliqué pour les établissements scolaires de répondre à l'ensemble des demandes et à la multiplication des missions", a-t-elle expliqué.

franceinfo : Pourquoi si peu de collèges et lycées ont proposé cette formation à leurs élèves ?

Audrey Chanonat : On est loin du compte. Pour autant, les établissements scolaires, et en particulier les collèges, essayent de mettre en place tout ce qu'il faut pour répondre à la fois à la demande des programmes et des attentes de formation. Le problème, c'est qu'il est très compliqué pour les établissements scolaires de répondre à l'ensemble des demandes qui sont faites, à la multiplication des missions que nous connaissons.

Si ça doit être une priorité nationale, il faut donner aux établissements les moyens nécessaires. Laisser le temps de former les professeurs et puis nous donner l'occasion d’avoir le temps de se consacrer à quelques missions essentielles.

"C’est vraiment la difficulté d'être à la fois sur l'éducation à la sexualité, l'éducation citoyenne, l’éducation artistique et culturelle, l'éducation à la santé. On met en place un nombre très important d'actions pédagogiques sauf qu'à un moment donné, comme il faut agir sur tous les plans, on ne peut pas se concentrer sur un ou deux objectifs."

Audrey Chanonat, secrétaire nationale du SNPDEN

à franceinfo

Les enseignants sont-ils suffisamment formés pour cela ?

Vous pointez du doigt une question essentielle. Il faut que les enseignants soient formés. À ce jour, les enseignants de sciences de la vie et de la terre ont été formés dans la formation initiale quand ils étaient étudiants. Mais il n'empêche que c'est quand même un sujet extrêmement sensible. On est aussi confrontés dans les établissements à une remise en cause des actions liées à l'information à la sexualité par certaines familles.

Il y a un vrai frein des parents ?

C'est un sujet qui a trait à la vie privée, à l'intime. C'est un sujet sur lequel les parents veulent aussi avoir la main et on les comprend totalement. D'un autre côté, notre travail, à l'école, c'est bien aussi de montrer aux parents que nous sommes dans l'information qui est absolument indispensable pour qu'un adolescent puisse se construire également sur ce plan.

Mais c'est un sujet qui est difficile. Nous avons dans l'éducation nationale des partenariats avec des associations qui sont agréées, spécialisées. Les chefs d’établissements ne souhaitent pas sortir du cadre de ces associations parce que ça veut dire que l'enseignement que nous allons donner sur ce plan est un enseignement de qualité.

Face aux parents réfractaires, quelle peut être votre réponse ?

Ce qui est important que les parents comprennent, c'est que d'abord, dans l'Éducation nationale, nous sommes sur une information factuelle. Évidemment, nous ne nous permettrons jamais d'avoir un quelconque jugement, mais que pour autant, pour qu'un adolescent puisse se construire y compris sur ce plan-là, il faut qu'il ait accès à une information. Il faut qu'on lui explique que le rapport à l'intime doit se construire dans un cadre serein et apaisé. Je pense que les parents doivent aussi être rassurés sur le fait que nous restons, dans le domaine, à la fois factuels et puis aussi dans la réponse aux questions pour lesquels parfois les parents ne sont pas les meilleurs interlocuteurs.

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