Éducation à la sexualité : trois questions sur les cours dont bénéficient les élèves pendant leur scolarité
Il n'y a pas assez de cours d'éducation à la sexualité à l'école selon trois associations. SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial attaquent l'État en justice pour le contraindre à organiser chaque année ces cours, pourtant obligatoires à l'école. "Si ça doit être une priorité nationale, il faut donner aux établissements les moyens nécessaires", estime jeudi 2 mars sur franceinfo Audrey Chanonat, secrétaire nationale du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN).
1 Que prévoit la loi ?
Depuis 2001, le Code de l'éducation prévoit au moins trois séances d'éducation à la sexualité par an dans les écoles, les collèges et les lycées avec des élèves réunis par "groupes d'âge homogène". En école primaire par exemple, les thématiques abordées doivent être l'étude et le respect du corps, l'égalité fille-garçon. Dans les collèges et les lycées, les trois séances annuelles animées par des professeurs ou des intervenants extérieurs, doivent sensibiliser aux violences sexistes ou sexuelles. Elles doivent alerter sur les préjugés ou encore sur le cyberharcèlement. Les violences faites aux femmes et les violences commises au sein du couple doivent aussi être abordées et cela à tous les stades de la scolarité.
Certains points spécifiques doivent être abordés avec des élèves un peu plus âgés, comme la contraception ou les risques liés au IST, les infections sexuellement transmissibles. Le Code de l'éducation prévoit aussi une fois par an que les conséquences de la consommation d'alcool par les femmes enceintes soit abordées dans les collèges et les lycées. Depuis 2016, les collégiens et les lycéens doivent aussi être informés sur les réalités de la prostitution et les dangers de la marchandisation du corps.
2 Ces cours sont-ils dispensés ?
Dans les faits, ces cours n'ont quasiment jamais lieu. C'est ce que montre un rapport de l'inspection générale de l'Éducation, du sport et de la recherche, publié en 2021. Selon cette enquête moins de 15% des élèves bénéficient de trois séances d'éducation à la sexualité pendant l'année scolaire en école et au lycée, moins de 20% au collège. Une majorité d'élèves traversent toute leur scolarité sans avoir bénéficié d'une seule séance.
Pour autant, les établissements scolaires, et en particulier les collèges, "essayent de mettre en place tout ce qu'il faut pour répondre à la fois à la demande des programmes et des attentes de formation", assure Audrey Chanonat, secrétaire nationale du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN) jeudi sur franceinfo. "Le problème, c'est qu'il est très compliqué pour les établissements scolaires de répondre à l'ensemble des demandes qui sont faites, à la multiplication des missions que nous connaissons, ajoute-t-elle, Si ça doit être une priorité nationale, il faut donner aux établissements les moyens nécessaires."
Il faut "laisser le temps de former les professeurs et puis nous donner l'occasion d'avoir le temps de se consacrer à quelques missions essentielles". Audrey Chanonat souligne notamment la "difficulté d'être à la fois sur l'éducation à la sexualité, l'éducation citoyenne, l’éducation artistique et culturelle, l'éducation à la santé".
"On met en place un nombre très important d'actions pédagogiques sauf qu'à un moment donné, comme il faut agir sur tous les plans, on ne peut pas se concentrer sur un ou deux objectifs."
Audrey Chanonat, secrétaire nationale du SNPDENà franceinfo
3 Que répond le ministère de l'Éducation nationale ?
Le ministère reconnaît que peu de cours d'éducation à la sexualité sont enseignés à l'école. Une circulaire a été publiée à la rentrée dernière et on peut lire que l'effectivité de ces séances est "très inégale depuis plusieurs années". Le document appelle les directeurs d'école et les chefs d'établissements à mettre en place, dès maintenant, les trois cours d'éducation à la sexualité par an. "Nous devons respecter la loi", a estimé en septembre dernier Pap Ndiaye, le ministre de l'Éducation nationale.
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