Évaluations nationales : l'écart de niveau en mathématiques entre les garçons et les filles de 6e continue de se creuser

Selon le baromètre du niveau des élèves à l'entrée au collège, publié jeudi, les résultats moyens des filles ne progressent pas, tandis que ceux des garçons s'améliorent. De quoi aggraver un écart observé dès le CP et jusqu'au lycée.
Article rédigé par Lucie Beaugé
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Un cours de mathématiques dans une classe d'une école élémentaire de Poitiers (Vienne), le 11 avril 2024. (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS / AFP)

Les évaluations nationales en 6e révèlent, une nouvelle fois, des différences de niveau en mathématiques en fonction du genre. Comme chaque année depuis 2017, le ministère de l'Education nationale a publié, jeudi 7 novembre, les résultats de ces tests passés en septembre par les élèves du second degré. Si l'écart de niveau entre les garçons et les filles n'est pas une nouveauté, avec un avantage pour les premiers, la distance se renforce en 6e au fur et à mesure des années, suscitant l'inquiétude de la rue de Grenelle.

En mathématiques, à la rentrée 2024, le score moyen des garçons était supérieur de 11 points à celui des filles (259 contre 248). En 2017, ces dernières étaient seulement distancées de 4 points. Selon les courbes mises en ligne par le ministère, le creusement des inégalités entre les filles et les garçons s'est accentué à compter de 2020. "L'écart qui s'accroît entre les garçons et les filles en mathématiques pose question", a estimé le ministère lors d'un point-presse. Il ne s'avance pas, pour l'heure, sur les causes précises. 

Des garçons plus nombreux parmi les "performants"

Dans le détail, ces courbes qui s'écartent sont le fait de garçons qui progressent vite (250 points en 2019 contre 259 en 2024), là où les filles stagnent (248 points en 2017, comme en 2024, et 247 en 2019). Cette évolution se traduit par une augmentation de la proportion de garçons dans les groupes les plus performants, qui passe de 30,1% en 2017 à 36,2% en 2024.

Même si le niveau global des filles est stable, elles sont toutefois de plus en plus nombreuses à appartenir aux groupes les moins performants (31,5% en 2017 contre 35,4% en 2024).

Le ministère a également dévoilé jeudi les résultats des évaluations en 4e, qui existent depuis 2023. Les mêmes disparités existent : les garçons obtiennent en moyenne 254 points en mathématiques, contre 244 pour les filles. On observe là aussi que l'écart se creuse légèrement (+2 points par rapport à 2023), mais les données ne permettent pas autant de recul que pour les évaluations en 6e.

Des disparités qui se creusent à partir du CP

Surtout, ces disparités genrées concernant les mathématiques prennent corps dès l'entrée au primaire, selon le ministère. "Au début du CP, on ne constate pas d'écart entre les garçons et les filles. Mais à partir du milieu de l'année, les garçons prennent l'avantage sur les filles", explique la rue de Grenelle, qui précise à franceinfo que ce phénomène s'observe quel que soit le milieu social ou le lieu de vie.

Cet écart de niveau constaté si tôt dans la scolarité peine à être comblé ensuite. Pour le constater, en plus des 6e et 4e, on peut se pencher sur les résultats des évaluations nationales en seconde. En voie générale et technologique par exemple, en 2024, l'écart de niveau est plus net encore qu'au collège (+16 points en faveur des garçons). Depuis 2019, la réforme du lycée est par ailleurs accusée d'avoir renforcé la moindre proportion de filles dans les options scientifiques en terminale. 

Les clichés véhiculés dans la société ont depuis longtemps tendance "à écarter les jeunes filles des études scientifiques", rappelle un récent rapport de l'Académie des sciences. Elle rejoint le constat du ministère, estimant que "ce problème se déclare dès les années d’école élémentaire".

Selon l'Académie, le faible bagage scientifique des professeurs du premier degré, qui sont majoritairement des femmes, a aussi un impact sur la manière dont sont enseignées les mathématiques. Les enseignantes pâtissent "nécessairement plus que les hommes de ce malaise avec les sciences auprès des élèves, et risquent de transmettre cette image négative aux élèves et tout particulièrement aux filles", est-il écrit dans le rapport.

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