"Grâce au latin, je suis passée de 0 à 15/20 en dictée"
Alors que le gouvernement songe à supprimer les options de grec et de latin pour les intégrer dans un programme d'enseignements particuliers interdisciplinaires, francetv info a recueilli vos témoignages sur l'apprentissage de ces langues anciennes.
"Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa..." Vous avez été nombreux à décliner vos souvenirs de latin, à la suite de l'appel à témoignages lancé par francetv info. Alors que le gouvernement prévoit de supprimer les options de latin et de grec, au profit d'enseignements particuliers interdisciplinaires, vous êtes nombreux à faire part de votre attachement à l'apprentissage de ces deux langues dites "anciennes". Voici une sélection de vos commentaires.
"Il est plus facile de comprendre la grammaire française"
"Grâce au latin, il est plus facile de comprendre la grammaire française, avec tout ce qu'elle comporte en difficulté, comme l'emploi de la voix passive, la forme des verbes, leurs fonctions", résume @JuLie. Un autre lecteur anonyme ajoute que l'apprentissage du latin a "considérablement renforcé" ses bases grammaticales, grâce aux "notions de COD, COI, complément d'agent, complément circonstanciel et cætera."
Comme eux, de nombreux commentaires insistent sur l'intérêt des langues anciennes dans l'apprentissage du français. "J'ai arrêté de faire des fautes d'orthographe grâce au latin. Je suis passée de 0/20 à 15/20 en dictée, s'enthousiasme un lecteur anonyme. Et aujourd'hui, professeur d'histoire-géo, je parle sans arrêt du vocabulaire en me référant aux origines latines ou grecques (urbain / héliotropisme / périphérique...)."
Réciter des déclinaisons n'a pas fait de @R2D2 un robot. Etudiant en latin de la cinquième à la première, il estime que cette langue a été un "atout considérable pour l'expression française et aussi pour l'apprentissage de l'allemand" – où existent aussi des déclinaisons. Enfin, un certain @Artiste_Littéraire juge que ces langues sont bien vivantes, "quand [il] explique l'étymologie d'un mot à [ses] enfants, ou quand [son] épouse – qui est pharmacienne – réagit à la racine d'un produit ou d'un mot scientifique."
"Cultiver le plaisir du savoir pour le savoir"
Selon vous, les langues anciennes permettent aussi de former des esprits. "J'ai fait six ans de latin, dans la joie ! Je suis reconnaissante aujourd'hui à cette langue de m'avoir appris à comprendre le fonctionnement des langues européennes, de m'avoir donné une culture générale essentielle", témoigne une agrégée d'anglais.
"Finesse littéraire" pour @Sama, "humanisme et chefs-d'œuvre littéraires et plastiques" pour un autre… L'aspect culturel retient souvent votre attention. "Je n'ai fait que trois ans de latin, dans un collège de banlieue parisienne. J'en garde un souvenir extraordinaire, notamment grâce à une jeune prof passionnée, qui emmena notre classe en voyage culturel, le point d'orgue de mes années au collège", ajoute un autre.
"Les points bonus au bac m'ont permis d'avoir la mention", résume @Vincent, plus pragmatique, en insistant tout de même sur le plaisir de découvrir "la civilisation romaine et la philosophie des penseurs de l'époque". Un certain @Diogène – justement – juge cet apprentissage utile dans la formation classique d'un "honnête homme (...), où l'on cultive le plaisir de savoir pour savoir".
Enfin, les cours optionnels se déroulent en petits groupes, qui permettent "d'avancer au rythme de chacun et sont l'occasion de débats enrichissants", juge un autre commentateur. "Plus que la maîtrise de la langue latine, l'intelligence de ma professeure de latin fut de nous apprendre des méthodologies", ajoute un autre, citant les exposés présentés en cours.
"Ne nivelons pas notre système éducatif par le bas"
"Qui va nous faire croire que pour défendre ces langues, il faudrait en supprimer l'enseignement ? Pour soi-disant défendre des principes égalitaristes, cela va affaiblir l'ensemble !" écrit @Eole. Comme lui, @Zep s'interroge sur le projet de réforme : "Peut-être que pour le gouvernement de François Hollande, ces cours sont trop élitistes ?"
Selon certains d'entre vous, ces deux langues seraient donc victimes de leur image. Un lecteur anonyme fait d'ailleurs le parallèle avec l'enseignement de l'allemand : "Chère ministre, malgré toute la communication que vous déployez, nous ne sommes pas dupes : le latin, le grec et l'allemand sont en danger. Je vous en prie : ne nivelons pas par le bas notre système éducatif sous couvert (erroné) d'égalité."
Agé de 45 ans, @Olufsen reprend les cours de latin par correspondance. Il explique qu'à l'époque, le choix de cette langue "ne servait pas à créer des classes de bons élèves, car c'était une option pour plusieurs classes de même section. Nous étions donc regroupés."
Alors que le gouvernement veut intégrer le latin et le grec dans des "enseignements pratiques interdisciplinaires" – avec des éléments culturels et historiques –, un commentaire rappelle que "cet enseignement est déjà transversal : les professeurs de latin sont des professeurs de français et les éléments abordés en cours sont utiles dans les dissertations ou commentaires du bac de français ou de philo".
"Juste utile pour devenir prof ou bosser au Vatican"
Quelques-uns gardent néanmoins des souvenirs plus mitigés de leurs cours. "A part conjuguer le verbe aimer, je n'ai rien appris d'autre durant mes trois années de latin au collège", regrette un lecteur, rejoint par un certain @JeDétesteLeLatin : "Rien ! J'ai tout oublié de mon latin et j'en ai pourtant fait trois ans." A l'image de @Thomas 33, certains regrettent que les cours soient mal adaptés aux collégiens, car ils sont "imaginés par des bac +++". Ce dernier explique que "c'est plus l’intérêt pour l'aquariophilie et la curiosité qui [lui] ont apporté de maigres connaissances en latin".
Plus pragmatique encore, @plusloin dresse un bilan mitigé de l'expérience : "J'ai suivi pendant plus de deux ans des cours de latin. A part me faire perdre du temps et baisser ma moyenne, cela ne m'a pas apporté grand-chose. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi [cette discipline] fait gagner des points au brevet des collèges et au baccalauréat."
Enfin, @news57 revient sur l'un des effets pervers de ces cours optionnels : "J'ai fait du latin uniquement parce que ma mère voulait que je sois dans une classe d'intellos, résultat, j'étais dernier de la classe..." Un brin refroidi par l'expérience, ce commentateur a d'ailleurs un avis tranché sur la question : "Le latin ne m'a rien appris, à part lire les BD d'Astérix. Le latin est utile uniquement pour devenir prof de français, historien ou bosser au Vatican."
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