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Harcèlement scolaire : "Il faut contraindre les écoles et collèges à mettre en place des sanctions plus systématiques", plaide une avocate pénaliste

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Article rédigé par franceinfo
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Le suicide d'un collégien de 13 ans dans les Vosges après avoir été harcelé doit encourager les établissements scolaires à sanctionner plus sévèrement les harceleurs estime Me Laure Boutron-Marmion, avocate pénaliste.

Après le suicide, samedi 7 janvier dans les Vosges, de Lucas, un collégien de 13 ans qui se disait harcelé en raison de son homosexualité, l'avocate pénaliste Me Laure Boutron-Marmion plaide vendredi 13 janvier sur franceinfo pour "contraindre les écoles et les collèges à mettre en place des sanctions plus systématiques" à l'encontre des agresseurs. Cette spécialiste du droit des mineurs appelle notamment à "envoyer un signal aux adolescents qui ont tutoyé ou franchi la limite" sans quoi "on continuera à déplorer des décès".

Me Laure Boutron-Marmion met en avant les mesures protocolaires prises dans certains pays. "Les pays où le fléau [du harcèlement scolaire] commence à diminuer sont des pays dans lesquels les écoles mettent en place de façon assez systématique des conseils de disciplines", observe l'avocate, qui recommande des sanctions immédiates pour montrer à "l'enfant qui est victime qu'il est entendu" par l'institution scolaire.

Punir "très sévèrement" les agresseurs

Elle déplore que cela ne soit pas suffisamment le cas en France, et pointe du doigt le dispositif pHARe, plan de prévention du harcèlement scolaire à destination des écoles et des collèges. Si pour Me Laure Boutron-Marmion "c'est très bien de mener une politique de prévention" dans les établissements scolaires, elle juge toutefois ce dispositif "insuffisant" et recommande de "sanctionner les harceleurs". "Dans les dossiers que je suis, je vois que lorsqu'un harcèlement scolaire est subi dans une école où un cadre est mis et où l'école est là et répond, les conséquences ne sont pas aussi tragiques", explique Me Laure Boutron-Marmion, qui est notamment l'avocate de la famille de Dinah, cette jeune fille de 14 ans qui s'est suicidée en octobre 2021 après avoir été la cible d’insultes homophobes.

Elle estime qu'il faut aussi miser sur le "délit pénal de harcèlement scolaire", qui peut être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Ce délit autonome "punit très sévèrement les agresseurs de harcèlement scolaire", poursuit Me Laure Boutron-Marmion, qui appelle "l'institution judiciaire à s'emparer de cet outil fort". Pour cette avocate pénaliste, "il faut également que les familles n'hésitent plus à porter plainte". Elle considère que "les adolescents sont tout à fait conscients de ce qu'ils font" et doivent donc "comprendre quand ils ont dépassé la limite ou quand leur comportement est pénalement répréhensible".

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