: Info franceinfo Suicide de Dinah : ses parents et son frère ont déposé plainte contre X
Les proches de l'adolescente de 14 ans qui s'est suicidée au mois d'octobre après avoir été harcelée ont déposé une plainte contre X jeudi. Ils mettent en cause le collège mais aussi les harceleurs.
Les parents et le frère de Dinah, jeune alsacienne de 14 ans qui s'est suicidée en octobre après avoir été victime de harcèlement, notamment scolaire, ont déposé une plainte contre X jeudi 25 novembre, comme ils l'avaient annoncé, a appris franceinfo auprès d'une source proche du dossier. La plainte, adressée à la procureure de la République de Mulhouse, contient cinq chefs d'infraction : "harcèlement moral" et "complicité de harcèlement moral", "provocation au suicide", "omission de porter secours" ainsi que "homicide involontaire".
Selon les informations de franceinfo, les parents de l'adolescente dénoncent l'attitude beaucoup trop passive du collège dans lequel leur fille était scolarisée en quatrième et troisième, notamment après la tentative de suicide de Dinah en mars 2021. "La famille n'a même pas eu un appel ou la moindre lettre de la direction", s'insurge maître Laure Boutron-Marmion, avocate des parents et du frère de Dinah. C'est pendant sa scolarisation dans cet établissement qu'elle a été victime de harcèlement scolaire, lesbophobe et raciste. La plainte, que franceinfo a pu consulter, stipule que "les membres du collège Émile-Zola ont commis plusieurs négligences fautives ayant conduit au suicide de Dinah" car il "connaissaient la situation dramatique" dans laquelle elle se trouvait mais n'ont pas mis en œuvre tout ce qui était possible pour faire cesser le harcèlement.
Par exemple, malgré la demande des parents, les harceleurs n'ont jamais été convoqués par l'établissement. Une "passivité" qui "a clairement permis aux harceleurs de continuer en toute impunité leurs agissements à l'encontre de Dinah", stipule la plainte. Interrogée à ce sujet, maître Laure Boutron-Marmion dit avoir été "particulièrement interloquée et choquée de l'attitude" des membres et de la direction du collège. "En deux ans, un seul rendez-vous a été obtenu par la famille, et encore, à force de persuasion", s'indigne-t-elle. Selon elle, il a finalement été dit au père de Dinah "qu'il s'agissait de chamailleries entre copines. La direction ne s'était même pas présentée à ce rendez-vous", explique-t-elle. Elle affirme que les parents de l'adolescente "ne savaient même pas si le directeur du collège était une femme ou un homme".
Un protocole "mis en place" selon le rectorat
Contacté par franceinfo, le rectorat de l'académie de Strasbourg répond que "le collège Émile-Zola avait mis en place le protocole harcèlement qu'il avait déjà appliqué dans les situations repérées". S'il n'exclut pas l'apparition de nouveaux éléments au cours de l'enquête, le rectorat estime que "dans cette dramatique affaire, aucun élément ne permet de conclure que la situation aurait été sous-évaluée ni que les appels ou écrits de la famille seraient restés sans réponse".
La famille dénonce aussi une lettre envoyée à leur fille par les harceleurs, après cette tentative de suicide, dans laquelle ils l'encouragent à réussir à se suicider. La plainte nomme d'ailleurs plusieurs harceleurs et apporte des éléments de preuves contre eux, notamment un message envoyé par l'adolescente à sa mère, après sa tentative de suicide, faisant le lien entre leur harcèlement et son geste.
"Ce n'est pas que je ne veux pas aller à l'école, je sais que je devrais tôt ou tard y aller. (…) C'est dur de perdre des amis du jour au lendemain sans raison. (…) J'ai envie de ne voir absolument personne, m'allonger quelque part et ne plus me lever. J'ai envie de parler à personne, de me taire et d'affronter le triste et monotone silence."
Dinah, adolescente de 14 ansdans un sms envoyé à sa mère
L'adolescente, scolarisée en classe de seconde, avait été retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim (Haut-Rhin), dans la nuit du 4 au 5 octobre dernier. Le parquet de Mulhouse a ouvert une enquête pour "harcèlement" à la fin du mois d'octobre. Dans un premier temps, il avait ouvert une enquête pour "recherche des causes de la mort".
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