La mystérieuse disparition d'une interview du ministre de l'Education nationale
Un entretien de Jean-Michel Blanquer, nouveau ministre de l'Education nationale, à SOS Education a été retirée deux jours après sa nomination. C'est l'association qui a pris la décision de la supprimer.
Est-ce un premier couac pour le nouveau locataire de la rue de Grenelle ? Une interview donnée par Jean-Michel Blanquer à l'association SOS Education a mystérieusement disparu deux jours après sa nomination comme ministre de l'Education nationale, rapportent vendredi 19 mai Les Inrocks et Le Figaro. Dans cet entretien, "le ministre donnait sa vision de l'éducation et les grandes lignes de son projet pour le ministère", note également 20 Minutes.
"Sans aller vers des logiques de privatisation, on peut aller vers des logiques de délégation, qui permettent d'accomplir mieux le service public en responsabilisant davantage les acteurs", y expliquait notamment le ministre.
"J'ai décidé de moi-même d'effacer ces textes", dit le directeur de l'association
Sur Twitter, certains s'émeuvent des idées prônées par Jean-Michel Blanquer, à l'instar de Paul Devin, inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général SNPI-FSU (syndicat national des personnels d'inspection).
La privatisation du service public portera le nom de délégation avec JMB. https://t.co/RdhxwWXCCy
— Paul DEVIN (@pauldevin59) 18 mai 2017
Pour autant, ce ne sont pas les quelques critiques entendues sur les réseaux sociaux qui ont poussé les responsables de SOS Education à supprimer cette interview ainsi que celle donnée par Christophe Kerrero, futur très probable directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer. L'initiative a été prise en amont.
"Je n'ai reçu aucune consigne de leur part. J'ai décidé de moi-même d'effacer ces textes, craignant que l'étiquette conservatrice et parfois droitière de SOS Education ne cause du tort à ces deux hommes lorsque, par exemple, ils auraient à négocier avec les syndicats d'enseignants", explique ainsi au Figaro, Jean-Paul Mongin, directeur général de l'association.
"Une association proche de l'extrême droite" ?
Cette étiquette "conservatrice et parfois droitière" dont parle Jean-Paul Mongin est étayée plus amplement dans Les Inrocks. Le magazine de gauche évoque en effet "une sulfureuse association anti-avortement et proche de l'extrême droite", s'appuyant sur un article de Libération, daté de 2003. "Que trouve-t-on sur ce site ? Des références aux ultralibéraux tendance Reagan, aux mouvements anti-avortement et à la mouvance des évangélistes américains, le tout nimbé d’une proximité assumée avec l’extrême droite. Et des références appuyées à Claude Reichman, seule ‘personnalité politique’ dont le site internet est recommandé", écrivait alors le quotidien.
Le quotidien Le Figaro, plutôt classé à droite, dément au contraire ces qualificatifs. "Créée en 2001, SOS Education revendique plus de 60 000 membres recrutés pour l'essentiel via internet. Elle réunit des parents, grands-parents et professeurs ayant pour objectif de peser sur les débats éducatifs. Elle défend notamment le retour à des méthodes d'enseignement traditionnelles", affirme le journal qui rappelle encore que l'association avait soutenu publiquement François Fillon pendant la primaire de la droite.
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