La réforme des bourses étudiantes sera finalement déployée à la rentrée 2026, annonce le gouvernement

Une concertation sera menée au printemps 2025. Les syndicats étudiants, eux, s'impatientent après un énième report.
Article rédigé par Lucie Beaugé
France Télévisions
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Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel, au palais présidentiel de l'Elysée, à Paris, le 6 novembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le chantier devait d'abord aboutir en 2024, puis en 2025. Il est désormais reporté à 2026. Lors de la présentation de sa feuille de route, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Patrick Hetzel a annoncé, mardi 19 novembre, que la réforme des bourses sur critères sociaux serait mise en œuvre à la rentrée 2026, avec une concertation prévue au printemps 2025. "Je veux rendre le système lisible en fondant l'éligibilité uniquement sur les ressources et la composition du foyer, aboutir à un système plus progressif et adaptable", a-t-il déclaré, ajoutant vouloir "simplifier les démarches". Un dernier point qui passerait par une "application" numérique.

Concrètement, une première partie de la réforme des bourses a déjà été enclenchée à la rentrée 2023. Il s'agissait d'un volet dit "budgétaire", qui a permis d'augmenter les bourses de 37 euros et de changer certaines règles des barèmes d'attribution. Selon le ministère, ils sont en conséquence 14 000 étudiants de plus à avoir bénéficié d'une allocation de l'Etat en 2023-2024, pour un total de 679 000 boursiers. 

Mais le deuxième volet, dit "structurel", n'a pas encore vu le jour. Il vise à réformer en profondeur le système d'attribution des bourses. Pour Patrick Hetzel, ce nouveau "cap" 2026 se justifie par un besoin de "visibilité et lisibilité". Alors que le flou règne sur l'aboutissement de cette réforme, les organisations étudiantes déplorent l'attentisme de l'exécutif. 

Les syndicats réclament toujours un revenu d'autonomie

Hania Hamidi, secrétaire générale de l'Unef, regrette que "le gouvernement actuel nie la précarité et les chiffres alarmants". Elle cite notamment les données de l'association Linkee, selon qui 54% des étudiants sautent régulièrement des repas.

"Il est urgent, au vu de la situation de précarité que l'on connaît, que le ministre annonce des mesures d'urgence pour augmenter les montants des bourses et éviter une nouvelle baisse du nombre de boursiers l'an prochain en revoyant dès cette année le barème", estime de son côté Eleonore Schmitt, porte-parole de l'Union étudiante. A court terme, son syndicat souhaite aussi que les bourses soient annualisées (soit un étalement sur 12 mois plutôt que 10).

Alors que le budget du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche est stabilisé dans l'actuel projet de loi (avec une hausse timide de 89 millions d'euros), l'Union étudiante évalue à "50 000" le nombre d'étudiants qui vont sortir du système de bourses.

"Nous n'attendrons pas 2026 pour obtenir quelques miettes. Nous nous mobiliserons pour que les besoins des étudiants soient pris en compte."

Eleonore Schmitt, porte-parole de l'Union étudiante

à franceinfo

A long terme, l'Union étudiante comme l'Unef attendent du gouvernement la mise en place d'un revenu d'autonomie, pour tous les étudiants, à hauteur du seuil de pauvreté. C'est ce que réclamaient aussi 14 présidents d'université, en septembre 2023, dans une tribune publiée par Le Monde

Patrick Hetzel a par ailleurs annoncé la pérennisation du rythme de construction de 7 500 logements étudiants neufs par an dans le parc social, ainsi que la réhabilitation de 7 000 places dans les Crous d'ici 2027. Des chiffres loin des demandes de l'Unef, qui table sur la création de "150 000 logements étudiants d'urgence pour atteindre la barre des 10% d'étudiants" habitant en cité universitaire.

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