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La spécialité sciences de la vie et de la Terre "incontournable" pour entrer en médecine : comment l'orientation des étudiants va se jouer dès la seconde

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Dans un amphithéâtre d'une faculté de médecine, à Paris, le 12 septembre 2018. (MAXPPP)

L'enseignement des SVT va devenir "incontournable" dès 2021 dans la procédure de Parcoursup pour intégrer le premier cycle de médecine. Avec la réforme en cours du lycée et du bac, cette annonce reflète une réalité qui va bientôt s'imposer aux lycéens : ils vont devoir faire des choix stratégiques pour leur orientation de plus en plus tôt.

Pour être accepté en première année de médecine, la spécialité sciences de la vie et de la Terre (SVT) sera bientôt "incontournable"C'est une communication de l'Association des professeurs de biologie et géologie (APBG) cosignée par le président de la conférence des doyens des facultés de médecine  qui l'annonce le 20 novembre. 

A l'issue d'une rencontre, les deux parties écrivent : "Il a été clairement dit que l’enseignement de spécialité SVT sera incontournable dans les attendus de Parcoursup pour intégrer le premier cycle de médecine." Pour les professeurs de SVT, inquiets pour le devenir de leur matière avec la réforme du bac, c'est une victoire. "Des rumeurs faisaient état de formations qui auraient privilégié les maths et la physique-chimie alors même qu'elles nécessitent des SVT", explique Xavier Hill, enseignant et responsable du groupe SVT au sein du syndicat Snes-FSU. 

"Cela aurait été incongru voire aberrant d'intégrer des étudiants en médecine sans qu'ils aient étudié les SVT", estime David Boudeau, professeur de SVT et membre du bureau de l'APBG, qui se félicite lui aussi de cette annonce.

C'est une matière indispensable pour réussir la première année dans cette discipline.

David Boudeau, professeur de SVT

à franceinfo

Cette annonce des facultés de médecine intervient dans un contexte particulier. En effet, trois réformes entrent en vigueur et se superposent : Parcoursup (du nom de la plateforme qui recueille les vœux des futurs bacheliers et de la procédure qui leur permet d'accéder à l'enseignement supérieur), la réforme du lycée et du bac à l'horizon 2021 et la réforme du premier cycle des études de médecine (qui prévoit notamment la fin du numerus clausus) qui sera appliquée à la rentrée 2020.

Figurer dans les attendus de Parcoursup

Prenons Parcoursup. Avec ce système, les universités passent les dossiers des élèves à la loupe pour les classer. Pour faire leur choix et déterminer si le profil du futur étudiant correspond au contenu de ses formations, l'université se base notamment sur "des attendus" fixés au niveau national par le ministère de l'Education nationale (au niveau local, chaque université peut affiner ses critères).

Pour obtenir un "oui" de la part de Parcoursup si vous postulez en première année commune aux études de santé (Paces), il fallait jusqu'ici disposer – notamment – d'une "très bonne maîtrise des compétences classiques et expérimentales attendues en physique, chimie, sciences de la vie et de la Terre, mathématiques à la fin de la classe de terminale" (voir le document PDF publié en décembre 2017). Les professeurs de SVT ont donc réussi à rendre leur matière "incontournable" dans ces fameux attendus. 

Il convient aussi d'évoquer la réforme du lycée et du bac. Dès la rentrée 2019, les élèves qui entreront en première générale n'auront plus à choisir entre les filières scientifique, économique et sociale ou littéraire (bac S, ES, L) : celles-ci sont vouées à disparaître. Les lycéens suivront un enseignement en tronc commun (français, histoire-géographie, langues vivantes...) et devront choisir trois spécialités. Ce choix d'options sera ramené à deux en terminale. Et en 2021, cette génération inaugurera un nouveau baccalauréat.

  (MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE)

Cette nouvelle formule du bac, combinée à l'importance prise par Parcoursup, n'est pas sans conséquence pour l'orientation : dès la fin de la seconde, les lycéens vont choisir leurs spécialités. Un choix qui aura des conséquences pour Parcoursup et la suite de leurs études.

"On avance dans le brouillard le plus complet"

Que se passera-t-il si un lycéen qui n'a pas choisi la spécialité SVT souhaite intégrer médecine ? "Il n'y a pas de 'non', précise David Boudeau. Mais Parcoursup délivrera un 'oui, si', c'est-à-dire que ces élèves se verront proposer un enseignement de remise à niveau en SVT à suivre au cours de leur première année", poursuit le représentant de l'APBG. Au Snes-FSU, on dénonce un "'oui, si' en forme de conditionnement stressant pour les élèves".

Pour Xavier Hill, la spécialité SVT et la première année de médecine "ne sont que la partie émergée de l'iceberg qui va instaurer un effet d'entonnoir de plus en plus tôt". "A la fin de la seconde, ce sont des enfants de 15 ans", rappelle le syndicaliste.

On leur demande des choix difficiles et précoces. En une année, ils peuvent changer d'avis sur leur orientation et c'est normal.

Xavier Hill, professeur de SVT

à franceinfo

Pour cet enseignant, "le droit à l'erreur, au choix et à l'essai n'est plus permis avec ce nouveau système qui instaure également la sélection". Le Snes-FSU plaide pour la "conservation de formations les plus généralistes possibles afin de ne pas fermer des portes".  

De son côté, Jean-Michel Blanquer a défendu le 19 novembre la philosophie de sa réforme : "Jusqu'à aujourd'hui, nous avions une très forte pression. On est un peu insouciant jusqu’à la dernière minute et ensuite on doit faire des choix. Le fait d’être, en début de seconde, en situation de s’interroger très sereinement sur ce qu’on a envie de faire ensuite est une très bonne chose", a expliqué le ministre de l'Education nationale au micro de franceinfo.

Le choix qu’on fait pour la première n’est pas un choix ferme. On peut encore changer d’avis entre la première et la terminale.

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale

à franceinfo

En attendant la rentrée 2019, les futurs élèves de première ont quelques mois pour s'informer et se déterminer. Le choix pourrait être délicat car tous les lycées ne proposeront pas les douze spécialités... Des réunions avec les élèves et les parents sont organisées dans les établissements. "La philosophie de la réforme du bac combinée aux critères de Parcoursup n'est pas facile à intégrer pour les élèves comme pour les professeurs, c'est un casse-tête", reconnaît David Boudeau. Ce membre de l'APBG dit "avancer dans le brouillard le plus complet"  : "On se base sur les rares informations qu'on obtient", y compris quand les "bonnes nouvelles" sont issues des facultés de médecine. 

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