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Universités, ZAD... Emmanuel Macron "ne rechigne pas à l'épreuve de force"

Le politologue Jérôme Fouquet a expliqué, mercredi sur franceinfo, que le gouvernement veut montrer qu'il tient ses engagements alors que les étudiants manifestent contre la réforme de l'université ou encore dans le cadre de l'évacuation de Notre-Dame-des-Landes.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République Emmanuel Macron, le 7 février 2018, à Bastia en Corse. (BENOIT TESSIER / POOL)

Le gouvernement affiche de la fermeté face aux étudiants qui manifestent contre la réforme de l'université, ainsi que dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes où la ZAD est en cours d'évacuation. Cette fermeté divise la classe politique et une partie de l'opinion publique. Invité de franceinfo, mercredi 11 avril, Jérôme Fourquet, politologue, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP, constate que le président de la République et le gouvernement "ne rechignent pas à l'épreuve de force". Ils veulent "montrer qu'ils tiennent leurs engagements" en jouant la "carte de la fermeté et de la cohérence".

franceinfo : Un clivage qui se dessine-t-il actuellement ?

Jérôme Fourquet : On ne peut que constater que le climat se tend et qu'Emmanuel Macron et son gouvernement ne rechignent pas à l'épreuve de force, qu'il s'agisse des facultés, de Notre-Dame-des-Landes ou de ce qui se passe dans les gares avec le conflit des cheminots, où, pour l'instant, les forces de l'ordre ne sont pas intervenues.

L'épreuve de force est-elle la seule voie possible pour le gouvernement ?

Chacun en jugera. Je pense que sur Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron avait fait un recul par rapport à ses promesses. Le slogan : "Je fais ce que j'ai dit que je ferais" est cardinal dans la rhétorique macronienne. Sur le dossier de Notre-Dame-des-Landes, pendant la campagne électorale, il avait dit qu'il était favorable à la construction de l'aéroport. Il a reculé sur ce plan, mais il a indiqué que la ZAD serait évacuée à l'issue de la trêve hivernale. Nous y sommes. Le gouvernement et Emmanuel Macron avaient à cœur de montrer qu'ils tenaient leurs engagements, y compris si cela doit passer par des images et des scènes de violences sur ce théâtre-là.

Ces images sont-elles dommageables dans l'opinion pour le gouvernement ?

Emmanuel Macron joue la carte de la fermeté et de la cohérence. Il a son électorat derrière lui qui tient bon et est soutenu par une très grande partie de l'électorat de droite, une des cibles prioritaires de ce gouvernement et d'Emmanuel Macron en particulier. C'est à cet électorat plutôt âgé et de droite qu'Emmanuel Macron a décidé de s'adresser en s'invitant ou en étant invité au journal de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. C'est vis-à-vis de cet électorat qu'Emmanuel Macron a à cœur de montrer que la loi de la République serait appliquée et que les réformes indispensables à la transformation du pays seraient menées à bon port. C'est cette image de quelqu'un qui veut être dans la cohérence et dans la détermination qui transparait de ces différentes scènes d'affrontements et de décisions récentes sur les sujets aussi divers que les universités, Notre-Dame-des-Landes ou le conflit des cheminots.

Est-ce qu'il s'éloigne de son électorat de gauche ?

C'est le risque. On a vu déjà certains signes de fragilité dans une partie de son électorat qui venait de la gauche au moment de la présentation de la loi sur l'immigration. Sur certains secteurs de la fonction publique il y a une insatisfaction qui est grande. Il a été sifflé par des personnels hospitaliers quand il s'est rendu à Rouen. Effectivement, il y a un contentieux qui peut progressivement s'installer avec une partie de son électorat venu de la gauche. Mais Emmanuel Macron fait le pari qu'à terme, c'est la cohérence et le respect des engagements qui finiront par être payant.

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