Propos de Nicolas Sarkozy : le SNUipp-FSU dénonce "un prof-bashing insupportable" et "n'a pas entendu le soutien de la ministre" de l'Education

Guislaine David déplore "un décalage terrible entre le pouvoir qui décide et le terrain", sur franceinfo, dimanche.
Article rédigé par franceinfo
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Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, le 17 janvier 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On voit bien qu'il y a un prof-bashing insupportable", déplore sur franceinfo, dimanche 10 novembre, Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, le premier syndicat du primaire. Elle insiste sur "immense colère" ressentie par les enseignants, après les propos de l'ancien chef d'État, Nicolas Sarkozy. "On me dit : 'il n'y a pas assez de fonctionnaires dans l'Education nationale', mais c'est d'une démagogie invraisemblable. Le statut de professeur des écoles, (...) c'est 24 heures par semaine" et "6 mois de l'année", a affirmé l'ancien président de la République lors d'une conférence à Saint-Raphaël dans le Var vendredi soir.

"Nous n'avons pas les moyens d'avoir un million d'enseignants", a encore estimé Nicolas Sarkozy, en se targuant d'avoir réduit de 150 000 le nombre de fonctionnaires quand il était à l'Elysée. "C'est de la provocation et ça ne vient pas de n'importe qui. C'est un ancien président", dénonce Guislaine David.

La porte-parole du premier syndicat du primaire ajoute qu'elle n'est pas surprise car, rappelle-t-elle, Xavier Darcos, ancien ministre de l'Éducation nationale pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy a provoqué "une grosse polémique" en 2008 en déclarant : "Est-ce qu'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l'Etat, que nous fassions passer des concours bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? Je me pose la question."

"Du mépris" pour les enseignants

Guislaine David souligne également que l'ancien président de la République est à l'origine "de milliers de suppressions de postes", ce qui "a provoqué des dégâts". Ainsi, elle juge "insupportable" de voir Nicolas Sarkozy, quelques années plus tard, "marteler avec aplomb cette provocation dans une conférence où on entend bien les rires aussi de l'assistance". Selon la syndicaliste, ce n'est rien d'autre que "du mépris" pour les enseignants.

Selon la co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, ce "prof-bashing" – autrement dit, cette volonté de dénigrer les professeurs – concerne les fonctionnaires. Pour appuyer son propos, Guislaine David tient à revenir "sur les derniers propos du ministre de la Fonction publique" Guillaume Kasbarian. Il souhaite réduire de 100% à 90% de l'indemnisation des congés maladie des fonctionnaires, et instaurer trois jours de carence non payés, au lieu d'un actuellement, lors de ces absences - hors pathologies lourdes.

Une "volonté de casse du service public"

Cela "rejoint cette volonté de casse du service public qui est sans arrêt arrêté", déplore Guislaine David. "On a vraiment l'impression d'être des boucs émissaires dans cette société". La porte-parole du SNUipp-FSU déplore l'absence, le silence de la ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet et plus globalement des élus du bloc central. "Je n'ai pas entendu de soutien de la part de la ministre après les propos de Nicolas Sarkozy. Pourtant, on en aurait besoin." Guislaine David note que des élus de la gauche au Modem ont condamné les propos de l'ex-président mais relève également que les enseignants "n'ont eu le soutien de personne au gouvernement ou dans le camp de la droite ou macroniste".

Guislaine David déplore "un décalage terrible entre le pouvoir qui décide, qui prend des mesures sur l'Education nationale et le terrain, qui a en fait les mains dans le cambouis et qui porte l'école depuis des années". Elle y voit un signe inquiétant. D'autant plus qu'Anne Genetet "fera des annonces sur l'école cette semaine" et "sans concerter les organisations syndicales, là encore c'est mépris de la profession".

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