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Réforme du lycée : "On fait un faux procès à la réforme", estime un syndicat de chefs d'établissement

Florence Delannoy, proviseure d'un lycée dans le Nord et secrétaire générale adjointe du syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN-Unsa) réagit sur franceinfo à la rentrée ce vendredi des enseignants alors que s'annonce la réforme du lycée et la suppression des filières S, ES et L, défendue par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Des lycéens lors de l'épreuve du baccalauréat, le 15 juin 2017. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"Tous les lycées auparavant n'offraient pas tous les choix possibles", aussi ferait-on un "faux procès" à la réforme du lycée défendue par le gouvernement, explique sur franceinfo vendredi sur franceinfo Florence Delannoy, proviseure d'un lycée dans le Nord et secrétaire générale adjointe du syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN-Unsa), alors que les enseignants font vendredi leur rentrée. 

franceinfo : Comment êtes-vous parvenus à construire un emploi du temps avec des élèves qui dans la même classe auront choisi chacun trois spécialités différentes ?

Florence Delannoy : On va dire que cette année, cela a été un peu plus compliqué que d'habitude. Mais on a fini par y arriver, dans la grande majorité des cas. Disons que cela entraîne une complexité plus grande de l'emploi du temps. C'est-à-dire qu'on doit mettre des professeurs qui travaillent en même temps de façon à permettre aux élèves d'avoir le plus grand nombre de choix possibles. Cela a été compliqué. C'est une grande nouveauté, y compris pour nous les chefs d'établissement et adjoints. On a dû aborder les choses d'une manière totalement différente, il a fallu réfléchir très vite pour voir comment on pouvait assurer une réforme et une rentrée satisfaisante. Il fallait imaginer les combinaisons les plus favorables pour permettre d'avoir un emploi du temps qui soit satisfaisant à la fois pour les élèves et les professeurs.

Est-ce que ça ne change pas le principe même de la classe ?

Oui tout à fait, et c'est l'un des choix auxquels on a été confrontés. On pouvait choisir d'essayer de garder le groupe-classe mais dans ce cas-là ça limitait le nombre de combinaisons pour les élèves, ou alors on pouvait choisir d'ouvrir tous les choix pour les élèves, mais dans ce cas-là la notion de classe disparaît. Et au lycée ce n'est peut-être pas forcément le meilleur choix. À l'université c'est différent, mais au lycée les élèves apprécient encore de se sentir dans un groupe-classe, avec leurs copains toute l'année qu'ils côtoient dans chaque cours. Donc, les établissements ont pu faire des choix différents selon les endroits, et on verra cette année quelles étaient les meilleures options.

Les élèves ont-ils saisi cette liberté de s'affranchir des filières classiques ou bien ils ont eu peur de faire trop original et ils ont recréé finalement les anciennes filières ?

Les premiers chiffres diffusés par le ministère confirment ce que nous nous constatons dans les établissements. Dans mon établissement on avait 54% qui choisissaient la filière S. Eh bien, nous ne sommes qu'à 32% d'élèves qui ont choisi la combinaison maths-physique-SVT. Ça veut dire que même si beaucoup de familles sont restées très traditionnelles dans leur choix, d'autres se sont vraiment emparées de cette liberté de combiner des spécialités de manière un peu différente. Globalement 90% de mes élèves se sont répartis sur 14 combinaisons, ce qui est quand même très très large, et beaucoup plus large que les trois séries anciennement existantes.

Mais tous les lycées n'ont pas les mêmes spécialités à proposer, tous n'ont pas les mêmes moyens et ainsi dans un plus petit établissement, les choix sont plus limités. Ne favorise-t-on pas de cette façon les inégalités entre les élèves ?

Je dirais que le problème est abordé de façon un peu biaisée par certaines organisations syndicales. J'ai dirigé en début de carrière un petit lycée mais qui n'offrait que la filière S. Donc il est logique que ce petit lycée n'offre que des spécialités scientifiques. Il n'y a pas de différence entre l'avant et l'après. Très franchement, tous les lycées auparavant n'offraient pas tous les choix possibles. La filière L n'existait que dans certains lycées. Donc en fait là je dirais qu'on fait un peu un faux procès à la réforme. On a beaucoup travaillé dans les académies avec les rectorats pour essayer d'avoir la carte la plus large possible, et je pense que la plupart des élèves vont pouvoir s'y retrouver.

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