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"Tout le monde s’en fout !": après d’énièmes violences dans des lycées de Seine-Saint-Denis, un rassemblement pour dénoncer l’indifférence du gouvernement

Jeudi, élèves, parents et enseignants de deux lycées de Seine-Saint-Denis, frappés par les mêmes violences, ont manifesté devant la Basilique de Saint-Denis, à proximité de la Maison d'éducation de la Légion d'honneur, où Emmanuel Macron assistait à un concert. Il n'est jamais venu à leur rencontre.

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
En une semaine, des enseignant du lycée Paul Eluard, lieu du rassemblement, ont exercé deux fois "leur droit de retrait". (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

"S’il vous plaît les jeunes, est-ce que tout le monde peut écouter ?", demande une enseignante dans un mégaphone. Jeudi 5 avril, devant le lycée Paul Eluard de Saint-Denis, des professeurs se sont rassemblés, un casque sur la tête, pour une opération "ras-le-casque". "Ras-le-casque", comme un ras-le-bol après un énième jet de brique dans les salles de classe, une énième bagarre entre bandes rivales devant l’établissement.

"Vous êtes comme les autres, arrêtez cette violence !"

"J’ai un message aux enfants : que les violences cessent !, supplie Nina, maman d’un jeune en BTS, au lycée Paul Eluard. Il faut réussir ! Concentrez-vous dans vos études ! Il faut que sortent de Saint-Denis des ingénieurs, des médecins : vous êtes comme les autres ! Mais arrêtez cette violence !"

La manifestation se déplace devant la basilique de Saint-Denis : non loin, Emmanuel Macron assiste à un concert privé donné par les Demoiselles des Maisons d’Éducation de la Légion d’honneur, institution d'excellence exclusivement féminine qui accueille depuis Napoléon des jeunes filles de parents ou d’ascendants décorés du macaron rouge.

Certains enseignants portaient un casque pour exprimer leur "ras-le-casque", notamment des jets de pierre dans les classes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Les élèves du lycée Paul Eluard aimeraient que le président de la République les entende. "On ne dispose pas des mêmes moyens qu’à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur, dénonce Andréa, élève en terminale ES. Je trouve cela inadmissible : si on veut avoir les mêmes chances de réussite que les autres élèves, ce n’est pas comme ça qu’on y arrivera." Elle décrit les agressions "au chalumeau", le sentiment d’insécurité, les élèves qui arrivent au lycée, la peur au ventre. "On se sent en danger, poursuit-elle. Je suis en terminale, comme beaucoup d’autres. Et on aimerait avoir notre bac, dans de bonnes conditions."

En renfort, les professeurs du lycée Maurice Utrillo, de Stains, qui connaît les mêmes problèmes. "C’est inadmissible que les élèves aient peur d’aller au lycée, s’indigne Charlotte, professeur de sciences économiques et sociales. Normalement, c’est un lieu qui doit être pacifié : les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école et nous, on a l’impression que tout le monde s’en fout." Emmanuel Macron n'est jamais venu à leur rencontre.

Après d’énièmes violences dans des lycées de Seine-Saint-Denis, un rassemblement pour dénoncer l’indifférence du gouvernement : reportage Benjamin Illy

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