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"Nous sommes aussi peu préparés que la réforme" : des lycéens soucieux face à leur premier examen du nouveau baccalauréat

Les épreuves de contrôle continu du bac nouvelle version ont débuté lundi. De nombreux élèves ne savent pas vraiment à quoi s'attendre, tout comme leurs professeurs. 

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le blocage du lycée Louis-le-Grand par ses élèves, qui demandent le retrait de la réforme des retraites et de la reforme du baccalauréat, à Paris, le 16 janvier 2020. (NICOLAS PORTNOI / HANS LUCAS)

"C'est du grand n'importe quoi." Jean*, Héli, Sophie* et Bastien ont tous les quatre entre 16 et 17 ans. Cette année, ils passent leurs premières épreuves communes de contrôle continu, les E3C. Tous ont le sentiment d'essuyer les plâtres et de ne pas savoir où ils vont. Côté professeurs et syndicats, beaucoup jugent ces épreuves du baccalauréat mal préparées. Récemment, douze syndicats, soit la quasi-totalité des organisations, ont officiellement demandé au ministre de "renoncer" à cette première session. Au premier jour d'examen, lundi 20 janvier, une trentaine de lycées ont été perturbés, dont cinq bloqués. 

Certains lycéens ont déjà commencé à plancher sur leurs épreuves, dont la durée s'échelonne entre une heure trente et deux heures. D'autres attendent la fin de la semaine ou la semaine prochaine. Les établissements ont un mois et demi pour organiser cette première session d'examen. Elle porte sur le programme d'histoire-géographie pour l'ensemble des lycéens et sur les langues ou les mathématiques en fonction des options choisies. Bac général ou bac technologique, tout le monde doit y passer. Jean*, Héli, Sophie* et Bastien appréhendent ces épreuves, comme ils le racontent à franceinfo.

Blocus et sonnette d'alarme pour ce premier jour

Quand Jean est arrivé devant son lycée du Lot-et-Garonne lundi matin pour passer son examen d'anglais, il a été bloqué quelques instant avant d'entrer. Un blocus "symbolique" décrit-il. Des professeurs avaient disposé au sol des anciens manuels devenus "inutiles avec cette réforme" ironise Jean, afin que les élèves marchent dessus. Ces enseignants avaient également prévu de boycotter la surveillance des épreuves, selon le lycéen. Malgré l'activation de la sonnette d'alarme au début de l'épreuve, qui leur a fait perdre une dizaine de minutes, ce premier examen s’est déroulé comme une épreuve de baccalauréat classique, dans le silence total.

Au lycée Champollion de Grenoble (Isère), les épreuves sont prévues du 3 au 5 février. Mais le bruit court d'un possible blocage des épreuves relate Héli, qui débutera ses épreuves par l'italien. Son professeur de langue leur a même avoué qu'il ne connaissait ni les modalités de correction ni les barèmes de notation. Quant au professeur d'anglais de Bastien, étudiant au lycée Uruguay d'Avon (Seine-et-Marne), il a même évoqué la possibilité de ne pas corriger leurs copies. 

Entre 200 et 250 lycées (sur un total de 1 600 en France) se seraient déclarés pour un ou plusieurs mots d'ordre, du refus de la remontée des sujets au boycott des corrections ou encore de la surveillance.

Philippe Vincent, membre du SNPDEN, premier syndicat de proviseurs

à l'AFP

Pour ce qui concerne le déroulement des épreuves, chaque établissement est libre de "banaliser" ou non ces journées. Bastien, qui doit composer jeudi et vendredi, aura sa première journée entièrement consacrée aux E3C. Mais vendredi, après son épreuve de mathématiques, il retournera en cours jusqu'à la fin de la journée. 

"Aucun prof ne soutient cette réforme"

Dans la nouvelle version du baccalauréat, les épreuves de contrôle continu, réparties en trois sessions dont deux en année de première, comptent pour 30% de la note finale. Selon Jean, dans son lycée, "aucun professeur ne soutient cette réforme et aucun élève ne se sent serein". L'élève pointe le manque de temps et de réflexion pour la mise en œuvre de cette réforme. "Mon année de seconde a été un fouillis total pour préparer ces E3C", rappelle celui qui a étudié l'année dernière sur les anciens programmes.

Ce début de première ne rime à rien. Nous sommes aussi peu préparés que la réforme est travaillée.

Jean, lycéen

à franceinfo

Sophie, scolarisée dans un lycée de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), est également critique. Si au départ elle a applaudi le projet du ministre Jean Michel Blanquer qui décloisonnait les filières, elle se dit aujourd'hui déçue par cette réforme qui, selon elle, met leur avenir en "péril". "On est beaucoup trop dans le flou. Les professeurs nous répondent beaucoup trop 'Je ne sais pas', comme si on était juste des cobayes !" Sans oublier les autres contrôles qui rythment déjà leur année scolaire. "A partir de janvier jusqu'en juin, on est en contrôle quasi permanent" constate Bastien. La seconde session de E3C se déroulera entre mars et avril. De quoi ajouter du stress sur les épaules de Jean, Héli, Sophie et Bastien. "Au final, on arrive devant un sujet et on croise les doigts. Le bac est un véritable brouillard", résume le premier.

En fin d'année, ils auront également l'épreuve anticipée de français. Une épreuve qui a résisté à la réforme et que Bastien, qui redouble sa première, doit repasser, abandonnant son 16 à l'oral. En attendant, les premiers élèves qui viennent de passer leurs examens postent sur les réseaux sociaux la photo de leurs sujets pour informer les suivants...

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