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Réforme du collège : ce que la droite reproche au Conseil supérieur des programmes

En pleine polémique sur la refonte des programmes scolaires, le sénateur UMP Jacques Grosperrin a annoncé avec fracas sa démission du Conseil supérieur des programmes.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des élèves écoutent leur professeur lors d'une rentrée des classes de 6e, en 2013. (MAXPPP)

Dans la polémique sur le collège, ces dernières semaines, la réforme des programmes scolaires – à ne pas confondre avec la réforme du collège – tient une bonne place. Mardi 19 mai, le sénateur UMP Jacques Grosperrin a décidé de démissionner du Conseil supérieur des programmes (CSP) pour marquer sa désapprobation avec le fonctionnement de cette instance.

Le CSP, composé de 18 membres dont 6 élus, a été mis en place pour participer à la construction des programmes scolaires dans le cadre de la loi pour la refondation de l'école, dite loi Peillon. Chargé d'émettre des propositions et de rendre des avis, il se retrouve sous le feu des critiques, notamment au sujet des nouveaux programmes d'histoire. Francetv info revient sur les principaux griefs qui sont adressés au CSP.

>> Lire aussi : Le schéma pour comprendre comment sont élaborés les programmes scolaires

1 Le manque d'indépendance

"J'ai démissionné, car je me suis rendu compte que le CSP était le bras armé du ministère de l'Education, qu'il s'agissait d'un organe politique déguisé en instance démocratique de réflexion", explique à francetv info le sénateur UMP du Doubs Jacques Grosperrin.

"Le lien entre le ministère et le CSP pose effectivement problème. Dans la loi de refondation de l’école, il est écrit que le CSP est indépendant, mais placé auprès de la ministre de l’Education, ce qui montre une ambiguïté", confirme à francetv info la députée UMP Annie Genevard qui a choisi de rester au CSP "pour le moment", pour la nécessité du "pluralisme politique". Mais l'élue, qui a publié une tribune dans Le Figaro réclamant l'indépendance de cet organe, reproche au ministère sa "tentative d'instrumentalisation, de mise sous tutelle du CSP".

2 L'empreinte idéologique

Le manque d'indépendance s'accompagne d'objectifs marqués par l'idéologie portée par certains membres du CSP et la plupart des experts sollicités, selon les élus d'opposition. "Dans les programmes d'histoire, par exemple, j’avais l’impression que l’on proposait des choix obligatoires qui montraient l'idéologie d’une République de communautés et non pas d'une République unie et indivisible", témoigne Jacques Grosperrin. "Ils ont du mal à utiliser les termes de patrie ou de nation, et pensent qu’ils vont apaiser les conflits ethniques et culturels de l’école avec de la repentance."

"Il y a effectivement eu des tentatives de la part des experts pour revisiter l’histoire afin de lui faire dire que tous les Français sont le produit de vagues migratoires", confirme Annie Genevard, mais elle se félicite d'avoir pu contrebalancer en partie le pouvoir des experts. L'élue ajoute que le problème est autant de fond que de forme : "Ces experts se parlent à eux-mêmes, ils ont un langage qui n'appartient qu'à eux." "C'est le retour des pédagogistes", confirme Jacques Grosperrin.

3 Les délais trop courts

"Le vrai problème, c'est que le ministère nous presse beaucoup trop au niveau des délais, ce qui entraîne des catastrophes comme cette histoire de jargon pour évoquer le verbe 'nager'" (le programme du cycle 4 évoque le fait de "se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé", comme l'indiquait Le Nouvel Obs), peste Annie Genevard. Selon la députée, qui siège depuis deux ans au CSP, le rythme de travail est élevé, avec une réunion de travail d'une demi-journée tous les quinze jours et du travail de relecture sur les textes entre chaque séance. 

4 L'absence de pouvoir

"Je pensais que l’on pourrait agir sur le travail de fond, alors qu'en réalité on agit uniquement sur la forme, on corrige le travail des experts qui font souvent des choix très contestables", tacle le démissionnaire Jacques Grosperrin. Un avis contesté par sa collègue Annie Genevard : "On effectue un travail de fond considérable." L'élue du Doubs cite un exemple sur lequel elle a pu agir en tant que membre du CSP : "Je me suis opposée à l'idée de l'apprentissage des langues issues de l'immigration, qui était de nature à perturber l'apprentissage du français."

Une capacité à peser qui justifie, selon la députée, sa décision de rester au sein du CSP : "Je finirai peut-être par démissionner, mais pas sans m’être battue pour mes idées." De son côté, Jacques Grosperrin, qui reconnaît n'avoir participé qu'à une seule réunion depuis son arrivée en janvier, a déjà déposé les armes : "Je comprends la volonté de vouloir changer les choses de l'intérieur, mais je refuse d'être instrumentalisé."

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