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La publication du décret scelle-t-elle définitivement la réforme du collège ?

Si les textes, publiés mercredi au Journal officiel, livrent des détails et fixent le cadre de cette réforme critiquée, ils ne règlent pas la question de la mise en place des nouveaux programmes, encore en cours d'élaboration.

Article rédigé par franceinfo
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La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, le 19 mai 2015 à l'Assemblée nationale. (AURÉLIEN MORISSARD / CITIZENSIDE.COM / AFP)

La réponse de la ministre ne s'est pas fait attendre. Au lendemain de la journée de mobilisation des enseignants du secondaire, le décret sur la réforme du collège a été publié mercredi 20 mai, au Journal officiel. "Il fallait publier ce décret pour pouvoir passer à l'étape suivante, à savoir les textes d'application qui vont pouvoir répondre" aux "inquiétudes" des grévistes et manifestants, a affirmé dans la foulée Najat Vallaud-Belkacem sur France info. Mais la publication de ce décret met-elle fin au débat lié à la réforme du collège ?

Oui, le décret fixe le cadre de la réforme

Deux textes ont été publiés au Journal officiel mercredi matin. Un décret "relatif à l'organisation des enseignements au collège" pose les principes généraux de la réforme, qui institue deux types de cours : les "enseignements obligatoires", à tous les élèves, et les "enseignements complémentaires".

Un arrêté du ministère de l'Education nationale entre dans le détail. Il précise, notamment, les volumes horaires de chaque matière "obligatoire" en sixième et dans les trois niveaux supérieurs. Avec, comme prévu, l'instauration de la LV2 dès la cinquième.

  (MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE )

 

L'arrêté précise également le volume et le contenu des enseignements complémentaires, à hauteur de trois à quatre heures hebdomadaires. Ceux-ci se décomposent en deux sous-groupes. L'"accompagnement personnalisé" et, pour les élèves de cinquième, quatrième et troisième, les "enseignements pratiques interdisciplinaires" (EPI).

Ces EPI "permettent de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective", selon l'arrêté. Concrètement, durant chacune des trois dernières années du collège, les élèves se verront dispenser deux EPI. A la fin du cycle, ils devront donc avoir étudié six des huit thèmes suivants.

Enfin, il est précisé que les chefs d'établissement disposent d'une dotation horaire supplémentaire de deux heures et quarante-cinq minutes par classe (trois heures à partir de 2017) permettant de favoriser le travail en effectifs réduits ou avec plusieurs professeurs. Grâce à cette dotation, le chef d'établissement pourra aussi proposer aux élèves volontaires un enseignement de langues et cultures de l'Antiquité (une heure maximum en cinquième, deux heures en quatrième et troisième). C'est la traduction noir sur blanc de la concession accordée par la ministre aux défenseurs du latin et du grec, qui protestaient contre la suppression de ces options.

Non, la question des programmes n'est pas tranchée

Désormais, chaque académie et chaque établissement va devoir préparer la mise en œuvre de cette réforme, qui entrera en vigueur à partir de la rentrée 2016. Ce temps sera mis à profit pour "apporter les garanties sur le fait que l'interdisciplinarité se fera dans de bonnes conditions, sans que les disciplines n'y perdent de temps", assure la ministre de l'Education nationale. Concernant notamment le travail en équipe demandé aux enseignants, "on leur laissera le temps de préparation nécessaire pour le faire", promet Najat Vallaud-Belkacem. Les chefs d'établissement seront en première ligne pour la mise en œuvre de cette réforme, puisque ce sont eux qui seront en charge de l'organisation et du contenu des quatre heures d'enseignements complémentaires.

Outre ces aspects organisationnels, les textes publiés mercredi n'évoquent pas l'épineuse question des programmes, qui s'appliqueront également à partir de la rentrée 2016, d'où une confusion dans les esprits avec la réforme du collège à proprement parler. Le "nouveau socle commun" définit ce que tout élève doit avoir acquis à la fin de la scolarité obligatoire (16 ans) et précise les nouveaux programmes scolaires du CP à la troisième.

Pour les programmes, la procédure n'est pas encore terminée. La première mouture est soumise à la consultation des enseignants jusqu'au 12 juin. Elle sera ensuite amendée. La ministre de l'Education a demandé que ces programmes, élaborés par le Conseil supérieur des programmes (CSP), une institution indépendante, soient compréhensibles pour les parents, alors qu'ils ont été critiqués pour leur jargon.

D'autres critiques portent sur l'histoire. Au collège, le projet présente de grands thèmes divisés en sous-thèmes, dont certains sont obligatoirement traités alors que d'autres sont laissés au choix de l'enseignant. De quoi alimenter des polémiques sur des périodes de l'histoire, comme les Lumières, qui passeraient ainsi à la trappe.

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