Rentrée des profs : les "nouveaux" aussi excités et stressés que les élèves
Trois jours avant les élèves, les 870 000 enseignants français font leur pré-rentrée. Et pour certains, c'est une première. Rencontre avec de jeunes profs stagiaires à Paris.
À partir de lundi, Marie et Thibaut alterneront chaque semaine formation théorique et neuf heures d'enseignement devant une classe, "leur" classe pour la toute première fois, avec un défi : faire aimer les maths à trente élèves. "Je suis stressée mais excitée, s'exclame Marie. Je suis euphorique, je suis vraiment heureuse parce qu'en fait, c'est une passion. Cela fait quelques années d'études et quand on arrive enfin à aboutir à quelque chose qui est utile à la société, aider des enfants et faire quelque chose qu'on aime, les maths, c'est vraiment top !", s'enthousiasme-t-elle.
"En mathématiques, tout est mieux payé et mieux reconnu que prof"
"On alterne une euphorie, parce que c'est un métier qu'on ne fait pas si on ne le choisit pas, parce qu'a priori en mathématiques, tout est mieux payé et mieux reconnu que prof, mais en même temps, on est évidemment terrifiés comme si nous-mêmes on allait être les élèves qui allaient rentrer, reconnaît Thibaut. À la fois très impatient de voir ce qu'on va découvrir et en même temps terrifiés à l'idée de ce qu'on va découvrir."
Du stress, de l'appréhension et beaucoup de questions aussi... "Comment on les fait rentrer ? Dans quel sens ? Comment on les met dans la classe ? Qu'est-ce qu'on dit ? Comment on écrit ce qu'on dit au tableau...", s'emballe Thibaut. "Comment je vais leur donner envie de parler et de participer si j'ai une classe qui est passive par exemple ?", s'interroge Pauline, plus posée. Elle enseignera l'anglais cette année.
Ça nous occupe l'esprit tout le temps, toute la journée. J'essaie de m'imaginer dans toutes les situations.
Pauline, prof d'anglais stagiaireà franceinfo
"Je vais m'imaginer face à un élève qui refuse de coopérer et je vais essayer de trouver des solutions", explique Pauline.
Être très ferme au début, poser les bases
Pour se rassurer, juste avant le grand bain, ces profs en herbe viennent chercher les tous derniers conseils à l'Espe (École supérieure du professorat et de l'éducation). Et Pierre, prof d'anglais stagiaire a bien retenu la leçon : "On nous a quand même bien demandé de poser le cadre, les règles de vie dans la classe. On a beaucoup répété qu'il faut être très ferme au début et s'assouplir ensuite. Mais oui, je pense qu'il faut quand même poser les bases".
Une motivation à toute épreuve
Certes stressés, ces enseignants débutants se montrent tous extrêmement motivés, malgré les salaires pas très attrayants et malgré les tensions dans l'Éducation. Une vocation, dit-on.
C'est un métier magnifique ! L'année dernière, on a eu la chance de faire des stages. Ce qu'on reçoit humainement c'est assez incroyable !
Pierre, prof d'anglais stagiaireà franceinfo
"On est face à des gens, on leur apprend des choses. Pour la plupart, ils sont contents d'apprendre et ils vous le font ressentir, raconte Pierre. Ils ont les yeux qui s'illuminent, ils sont tout excités, ils lèvent la main, ils participent. Et franchement, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'autres métiers où vous recevez de bonnes ondes humaines comme ça."
Mais combien de temps cet enthousiasme certain durera-t-il ? Thibaut est déjà convaincu qu'il ne fera pas "ce métier toute sa vie". "J'ai vraiment vu des profs désabusés, qui en avaient marre. Si par malheur, je finis par être désabusé, j'ai envie d'être capable d'arrêter ce métier au moment où je sens que je ne suis plus un bon enseignant, et pas de continuer à tout prix". Le jeune professeur de mathématiques se laisse cinq ans pour un premier bilan.
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