Reportage "Des élèves au travail", "complexité" et absence de moyens... Des profs dressent un premier bilan très mitigé des groupes de besoin au collège

La ministre de l'Education nationale a annoncé ce que contient l'"Acte 2 du choc des savoirs". Les groupes de besoin ne seront finalement étendus que partiellement. Des professeurs d'un collège tirent un premier bilan du dispositif.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
En juin 2027, l'obtention du Brevet sera obligatoire pour le passage en seconde. (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS via AFP)

Les groupes de besoins au collège, mis en place cette année en classe de 6e et 5e, ne seront que partiellement étendus l'an prochain en 4e et 3e, avec "une heure par semaine, soit en maths, soit en français", a annoncé la ministre de l'Education nationale Anne Genetet, mardi 12 novembre, alors qu'elle dévoilait l'"Acte 2 du choc des savoirs"

À l’origine, ce dispositif très critiqué par une partie de la communauté éducative devait s'étendre aux 4e et 3e l'année prochaine. À ce jour, les solutions trouvées dans les établissements sont très disparates d'un collège à un autre.

"Déjà énorme pour ces élèves"

Dans ce petit collège rural de Haute-Loire, les élèves des deux classes de 6e et des deux classes de 5e ont à chaque fois été répartis en trois groupes pour les heures de mathématiques et français et ils sont peu nombreux, car la professeur de français enseigne aux dix élèves les plus en difficulté. "Ce sont des élèves à qui j'ai proposé un travail adapté, accessible. J'ai proposé à ces élèves de 12 ans un texte que les éditeurs classent pour les 6 à 8 ans", précise-t-elle à franceinfo.

Difficile, pour le moment, de constater de réels progrès sur les compétences, mais au moins ils sont plus actifs, se félicite l'enseignante : "Ils sont au travail ! C'est déjà énorme pour ces élèves-là qui avaient l'habitude d'être tellement passifs. Ils ne peuvent plus se cacher derrière la participation active et dynamique de la tête de classe".

"Ils se sentent plus en confiance et c'est aussi très encourageant d'avoir la possibilité de pouvoir passer d'un groupe à un autre."

Une professeure de français

à franceinfo

Un premier bilan plutôt positif, donc, pour cette professeure... qui évoque tout de même un "énorme" travail supplémentaire pour s'accorder avec les autres enseignants et avancer en même temps. Elle sait aussi très bien que son opinion est loin d'être majoritaire dans la communauté éducative.

Des difficultés

Enseignante dans un collège de Lyon, Claire Piolti-Lamorthe préside, pour sa part, l'association des professeurs de mathématiques. Selon elle, 10 à 20% des collèges n'ont tout simplement pas mis en place de groupes et ne voient que des points négatifs dans ces dispositifs. "C'est vraiment la complexité sur les emplois du temps avec des conditions d'apprentissage pour les élèves qui sont moins pertinentes. On peut difficilement faire des projets de classe avec une autre discipline", pointe-t-elle du doigt.

"Les relations avec les familles peuvent aussi parfois être compliquées quant au choix du groupe pour leur enfant. Et puis, on a vraiment des difficultés importantes sur le suivi des élèves."

Claire Piolti-Lamorthe

à franceinfo

Du côté des chefs d'établissement, le scepticisme est aussi de mise. "Je ne suis pas convaincue à ce stade", confie Aurore Métenier, proviseure d'une cité scolaire à Paris et membre du syndicat SNPDEN.

Si certains collèges ont bénéficié de moyens supplémentaires pour créer ces groupes, ce n'est pas le cas de son établissement. "Aucun moyen supplémentaire du rectorat, donc on a été obligés de rogner sur des projets. Ce n'est pas si simple", assure-t-elle. Après deux mois et demi de mise en place, ces groupes rencontrent encore une forte hostilité.

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