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Reportage "Moi, ça m'a bien aidé" : comment ChatGPT s'invite dans les lycées et divise les enseignants

Depuis son lancement, en novembre dernier, le robot conversationnel fait beaucoup parler de lui, capable de formuler en quelques secondes des réponses détaillées sur un large éventail de sujets. Un outil adopté par de nombreux élèves mais qui fait débat en salle des profs.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Certains enseignants ont arrêté de donner des devoirs à la maison pour éviter que les élèves n'utilisent ChatGPT. Photo d'illustration. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

Quand on évoque ChatGPT devant des lycéens, on provoque des rires et assez vite des petites confidences. "La semaine avant le bac, j'ai eu un exposé, raconte une élève. Vu que j'étais en train de réviser mon bac, je n'avais pas le temps de mettre du temps pour l'exposé. On a fait avec ChatGPT et ça m'a fait tout mon exposé. Vraiment je n'ai rien fait et j'ai eu quinze. Donc ça va, c'est cool". 

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Un camarade avoue, lui, avoir sollicité le robot conversationnel pour ses démarches sur la plateforme d'orientation post-bac Parcoursup : "J'ai utilisé ChatGPT pour faire mes modèles de mes lettres de motivation. Tu peux tout faire avec. C'est super bien ! Moi, ça m'a bien aidé".

Lettre, exposé... Tous les élèves n'utilisent pas, bien sûr, l'application d'intelligence artificielle, mais ceux qui l'ont déjà testée sont bien conscients de l'enjeu qu'elle représente au niveau de leurs apprentissages. Et elle fait déjà bouger des lignes, observe Guillaume Marsault, professeur d'histoire-géographie en lycée près de Montpellier. Il a décidé d'arrêter de noter les devoirs à la maison : "Je constatais qu'il y avait des devoirs sur lesquels j'avais un gros doute, qu'ils avaient pu utiliser des logiciels comme ChatGPT ou autre".

"Je ne suis pas là pour corriger les travaux d'une application numérique, mais pour corriger les travaux et faire progresser les élèves".

Guillaume Marsault, professeur d'histoire-géographie

à franceinfo

Le sujet n'est pas consensuel chez les enseignants. Quand certains y voient un moyen de triche pure et simple, pour d'autres, il s'agit d'un outil qui peut se révéler très utile. Dans ses classes de lycée à Dijon, Mickaël Bertrand utilise ChatGPT. Les élèves doivent évaluer et critiquer les réponses de l'application et lui non plus ne donne plus de rédaction à faire à la maison depuis un bon moment : "On ne peut plus, déjà depuis plusieurs années, puisque Internet est là, Google est là. En fait, ça fait un petit moment normalement qu'on a tous pris conscience des inégalités socio-scolaires liées au travail à la maison et que normalement, on n'est plus censé en donner", plaide-t-il.

Un robot pour corriger les copies ou préparer les cours

Pour le professeur, également formateur académique, l'intelligence artificielle s'inscrit dans une longue continuité d'inventions : le livre, la télévision, Internet. "Et à chaque fois, on a toujours un discours catastrophiste, qui explique que l'école ne sert plus à rien et que les profs vont bientôt être tous au chômage, glisse Mickaël Bertrand. Or, dans la réalité, toutes ces innovations technologiques nous ont conduit à considérer qu'on peut aller beaucoup plus loin avec les élèves grâce à ces outils". 

Mickaël Bertrand réfléchit même à utiliser le robot conversationnel pour l'aider à corriger des copies ou préparer des cours. 

Le reportage de Noémie Bonnin

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