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"Trop long", "copie à revoir"... Ce qui déplaît dans le nouveau calendrier scolaire

Le ministère de l'Education a dévoilé, jeudi, un nouveau calendrier scolaire, qui répond aux demandes des professionnels du tourisme. Mais les syndicats d'enseignants et fédérations de parents d'élèves n'y trouvent pas tous leur compte. Francetv info les a contactés.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des enfants lors de la rentrée scolaire, le 3 septembre 2013 à Lyon (Rhône). (JEFF PACHOUD / AFP)

Des zones redécoupées, des vacances d'été et de printemps plus rapprochées et un jour de repos supplémentaire pour tout le monde à l'Ascension : ce sont les changements prévus dans le projet du nouveau calendrier scolaire, présenté jeudi 2 avril par le ministère de l'Education nationale. Pour l'instant, ces nouvelles dates concernent les années scolaires 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018.

Enfants, familles, enseignants, professionnels du tourisme... Ce nouveau calendrier tente de satisfaire toutes les personnes impliquées. Une gageure, au regard des intérêts souvent divergents qui existent. A l'arrivée, l'objectif n'est pas tout à fait atteint. Les syndicats d'enseignants ne sont pas tous satisfaits et les fédérations de parents d'élèves sont mitigées, d'après les réactions recueillies par francetv info jeudi.

Un dernier trimestre trop long

Avec le nouveau calendrier, la période de cours entre les vacances de Noël et celles d'hiver, en février, est raccourcie à cinq semaines, au lieu de six actuellement, pour la première zone à partir en congé et passe de sept à six pour la deuxième zone et de huit à sept pour la dernière zone à partir en congé. Puis, entre les vacances d'hiver et de printemps (Pâques), une durée uniforme de six semaines est retenue pour toutes les zones, pour répondre aux revendications formulées par les professionnels du tourisme.

Les demandes des hôteliers, agents de voyage et opérateurs de loisirs, "ont été prises en compte", se réjouit sur son site internet l'Union des métiers de l'industrie hôtelière (Umih). Le principal syndicat de l'hôtellerie-restauration met en avant, notamment, "l'avancement des vacances de printemps d'une semaine, permettant le maintien d'une forte activité dans les stations de montagne", et donc de l'emploi.

"On aurait pu reculer les vacances de printemps d'une semaine sans mettre en danger l'économie du pays", grince de son côté Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles.

Car la conséquence de cette réorganisation, c'est un dernier trimestre long. Par exemple, pour la première zone à partir en vacances en 2016, la période de cours entre les vacances de printemps et la fin de l'année scolaire sera désormais de 11 semaines. "Beaucoup trop long", selon Paul Raoult, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). Pour instaurer une période de repos, la ministre de l'Education nationale a choisi de banaliser le pont de l'Ascension. "C'est un aménagement intelligent, mais ce n'est pas une solution pour éviter de fatiguer les enfants", estime Paul Raoult.

"C'est surtout pénalisant pour les élèves du primaire. Dans le secondaire, ils s'organisent différemment en fin d'année, car ils ont des examens. Mais la plupart des enseignants prennent en compte la fatigue des enfants", souligne Valérie Marty, présidente de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (Peep).

Les trois zones de vacances toujours critiquées

Surtout, la Peep, la FCPE et le Snuipp-FSU regrettent le maintien de trois zones de vacances (A, B et C), désormais calquées sur les nouvelles régions. Ils préféreraient deux zones étalées sur seulement trois semaines, ce qui équilibreraient mécaniquement les périodes entre les vacances. "Passer de trois à deux zones instaurerait un rythme plus équilibré, car cela permet à la fois de satisfaire les intérêts des stations de sport et ceux des enfants, surtout les plus petits", juge Sébastien Sihr. 

"L'intérêt de l'enfant doit primer", insiste Paul Raoult. Pour trouver un compromis avec les industriels du tourisme, il est prêt à discuter avec eux. Il espère retourner vers le ministère de l'Education nationale dans quelques mois avec une nouvelle proposition. "On doit arriver à se mobiliser pour faire changer l'organisation de 2016-2017 et 2017-2018", martèle-t-il.

Pour Valérie Marty, il est "excessif" d'affirmer que ce nouveau calendrier ne prend pas en compte l'intérêt de l'enfant. Elle le juge "consensuel", compte tenu des exigences des différentes parties impliquées. "Pour parvenir à l'équilibre parfait, il faudrait modifier complètement le calendrier : réduire les vacances d'été, déplacer les examens...", égraine-t-elle. Avant de pointer la complexité d'une telle concertation : "Le calendrier scolaire est devenu un serpent de mer, sur lequel personne n'est jamais d'accord..."

"Beaucoup de bruit pour pas grand-chose"

Finalement, le nouveau calendrier comporte des changements, mais ne bouleverse pas toute l'organisation d'une année scolaire, là où certains pouvaient espérer un rééquilibrage. Comme c'est actuellement le cas, l'année commencera toujours début septembre pour s'achever à la fin de la première semaine de juillet, avec un système de rotation selon les zones pour les vacances d'hiver et de printemps.

"Ce nouveau calendrier, c'est beaucoup de bruit pour peu de changements, résume Sébastien Sihr. Rien n'est véritablement nouveau, mis à part la banalisation du pont de l'Ascension." "Ce calendrier n'est pas nouveau du tout. C'est le même depuis une décennie, renchérit Paul Raoult. A vouloir satisfaire tout le monde, on prend le risque de ne satisfaire personne."

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