Seine-Saint-Denis : après des violences en série, des enseignants d'un lycée de Stains exercent leur droit de retrait
Une équipe du rectorat a rencontré, jeudi, le personnel du lycée Maurice-Utrillo qui se réunit en assemblée générale, après les violences et rixes récurrentes entre bandes rivales autour de l'établissement.
Les actes de violence aux abords du lycée Maurice-Utrillo à Stains, en Seine-Saint-Denis, "doivent être condamnés avec la plus grande fermeté", écrit l'académie de Créteil, jeudi 4 avril, dans un communiqué alors que plusieurs enseignants avaient décidé, la veille, d'exercer leur droit de retrait, comme l'a rapporté France Inter.
A la suite d'une rencontre, jeudi matin, entre une équipe du rectorat et le personnel du lycée, les services académiques ont apporté plusieurs réponses.
Réunion d'un conseil de sécurité vendredi
En premier lieu, "la présence et le soutien des autorités académiques ont été réaffirmés", est-il écrit dans le communiqué. Selon l'académie de Créteil, les équipes mobiles de sécurité (EMS) "continueront d’être présentes autant que de besoin dans le périmètre de compétence qui est le leur" et une cellule d'écoute est mise à disposition de la communauté scolaire "autant que de besoin".
Enfin, il a été décidé la tenue d'un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance et de la radicalisation vendredi après-midi. Il réunira les services du ministère de l’Intérieur responsables de la sécurité publique, de la mairie de Stains et de l’académie de Créteil. "Deux représentants de l’établissement (un professeur et un conseiller principal d’éducation) et deux représentants des parents d’élèves sont conviés à cette réunion partenariale destinée à définir les solutions à envisager", précise encore le communiqué de l'académie.
Une agression au marteau sur le parvis
Les incidents sont de plus en plus fréquents selon le personnel du lycée qui décrit des scènes souvent d'une très grande violence. Le 12 mars dernier, un jeune élève de 15 ans s'était fait agresser à coups de marteau par une bande rivale. "Le 12 mars, le gars, à 10h, il se fait casser la gueule au marteau. A 17h40 on voit des machettes circuler, il y a trois tirs qui retentissent, visiblement c'était une arme à plombs, c'est quand même délirant", a raconté la conseillère principale d'éducation, Nadia Marzouk. Une cellule psychologique avait été mise en place, durant une journée.
"Il y a des affrontements entre bandes rivales, la grande majorité des élèves, qui n'est pas impliquée, est flippée, et nos élèves qui sont impliqués là-dedans, moi j'ai peur pour eux"
Nadia Marzouk, CPE du lycéeFrance Inter
Cette semaine, des hommes cagoulés ont menacé un lycéen avec une arme à feu. Le rectorat de Créteil a envoyé sur place des agents de sécurité, mais ils sont rarement présents lorsque les bagarres éclatent. "Il y a un vrai sentiment d'abandon de notre institution", a déploré Benoît Del Torquio, professeur au lycée.
Pas de reprise des cours immédiate
"Est-ce que la solution c'est de se mettre en arrêt maladie parce qu'on ne se sent pas bien ? Si c'est la seule solution, on en arrivera là, sauf qu'on aimerait bien être accompagnés et ce n'est pas le cas aujourd'hui", a regretté cet enseignant.
La plupart des professeurs n'ont pas l'intention de reprendre les cours tant que leur sécurité et celle des élèves ne sera pas assurée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.