SNU : le gouvernement envisage un stage de 12 jours pour les lycéens sur le temps scolaire dès la rentrée de septembre
Dans le cadre de la généralisation du Service national universel (SNU), l'une des nouvelles pistes envisagées par le gouvernement est un stage de 12 jours sur le temps scolaire pour les élèves de seconde dès la rentrée de septembre, a appris jeudi 18 mai le service politique de franceinfo auprès du cabinet de la secrétaire d'État chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, confirmant une information de Politis.
Plusieurs syndicats d'enseignants ont été reçus cette semaine au cabinet de la secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, pour évoquer cette piste. D'autres le seront la semaine prochaine. Selon le projet, tous les enseignants en lycée pourront ainsi déposer une candidature pour que leur classe de seconde réalise un "séjour de cohésion", en uniforme et sur le temps scolaire. Les établissements qui participeront enverront une ou plusieurs classes dans un centre à proximité du lycée. Chaque centre ayant une spécialité propre : enjeux mémoriels ou transition écologique par exemple. Tous les coûts de transport ou d'hébergement seront pris en charge par l'Etat.
En revanche, tous ces élèves de 15 ans ne seront finalement pas répartis dans tout le pays, bien loin, donc, de l'ambition de brassage et de mixité géographique et sociale promise à l'origine. Le 23 avril, Emmanuel Macron avait ainsi prôné une "montée en charge progressive" du SNU et "une approche qui recrée du collectif, un rite où on brasse toutes les régions et les catégories".
Contacté par franceinfo, le cabinet de la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, n'a pas précisé si ce stage serait obligatoire ou non. Et l'exécutif tempère : ces pistes sont à l'étude, pas question de jeter de l'huile sur le feu en pleine période des 100 jours d'apaisement voulu par Emmanuel Macron. L'entourage de Sarah El Haïry ne communiquera pas avant la mi-juin, quelques semaines avant les grandes vacances. Un timing qui paraît serré pour une mise en application à la rentrée prochaine.
Le SNES-FSU très critique
Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat SNES-FSU, estime sur franceinfo que les lycéens ont "davantage besoin d'école que de ça" : "On ne fait pas avancer une société en retirant des heures de cours aux élèves". Elle affirme aussi que les promesses de "mixité sociale" faites par l'exécutif pour promouvoir le SNU ne seraient qu'un "paravent", le stage n'étant ouvert qu'aux élèves de nationalité française.
"Derrière le SNU, il y a cette idée que la jeunesse devrait être encadrée, devrait être prise en main pour la transmission des valeurs de la République. Tout ça se fait à l'école et pour ça, il faut mettre des moyens dans l'école, dans les collèges, dans les lycées. Il faut donner des perspectives d'avenir à la jeunesse plutôt que d'essayer de la formater."
Sophie Vénétitay, Snes-FSUà franceinfo
Sophie Vénétitay dénonce une forme d'"instrumentalisation" des enseignants et pointe "le cynisme de l'exécutif" : "Pour nous pousser à accepter cette mission, on nous fait miroiter une prime dans le cadre du 'pacte' enseignant". Ce "pacte" annoncé par Emmanuel Macron jeudi 20 avril prévoit l'organisation des missions supplémentaires pour les enseignants, leur permettant d'obtenir une prime. "Finalement, on nous met un peu une carotte financière pour essayer de lever les réticences, comme si on pouvait nous acheter pour s'engager dans quelque chose qui est contraire à nos valeurs."
Une "pétaudière", dénonce Alexis Corbière
Vendredi, sur franceinfo, Alexis Corbière (LFI) s'est lui aussi montré très critique, qualifiant le SNU de "pétaudière" et de "bricolage". "Il est hors de question qu'on supprime 12 jours de classe à nos élèves, il faut au contraire en rajouter, il faut plus d'enseignants, et malheur à ceux qui voudront engager une telle politique."
Un rapport du Sénat, publié début mars, recommande de "surseoir" à la généralisation du SNU "au regard des incertitudes" du projet, notamment en termes de coûts, "probablement supérieurs à 2 milliards d'euros".
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