: Témoignage "En ce moment, je dors chez des amis" : des étudiants confrontés à la pénurie de logements
Trouver un appartement quand on est étudiant représente en ce moment un vrai job à plein temps et, souvent, un parcours du combattant. Yahya, 22 ans, est un étudiant boursier et à quelques jours de sa rentrée il n'a toujours rien trouvé : "J’ai déposé des candidatures sur des sites classiques comme SeLoger, Leboncoin, des sites de particuliers et de non-particuliers, ou Jinka avec les alertes", raconte-t-il. Mais la concurrence en ligne est tellement féroce que Yahya a décidé d'aller frapper quotidiennement aux portes des agences immobilières à Paris et en banlieue.
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En France, le nombre d’étudiants a augmenté de 200 000 personnes entre 2018 et 2022 pour atteindre 2,9 millions. Selon un rapport du Sénat de 2021, il manque au moins 250 000 logements étudiants pour répondre à la demande.
Gagner "trois ou quatre fois le prix du loyer"
Yahya a rapidement abandonné l'idée de se trouver un studio pour lui tout seul. "On nous propose du 8m² ou du 10m² à des prix inacceptables genre 700 ou 800 euros", regrette-t-il. L'étudiant cherche donc plutôt un appartement à partager avec un ami mais "beaucoup de propriétaires refusent aussi les colocations", dit-il.
À la liste des problèmes auxquels il fait face s'ajoutent des critères de plus en plus sévères demandés par les agences ou les propriétaires. "On nous demande des garants qui gagnent trois ou quatre fois le prix du loyer", raconte Yahya, dont les parents ont des revenus modestes.
"Mes parents sont de simples salariés qui gagnent plus ou moins le smic."
Yahya, étudiant de 22 ansà franceinfo
Boursier, l'étudiant affirme n'avoir pas réussi à trouver de logement Crous contrairement à sa sœur. "C'est totalement saturé", explique-t-il. Avec un peu moins de 174 000 places à la rentrée 2021 pour 720 000 étudiants boursiers, les résidences universitaires des Crous ne logent au total qu’un boursier sur quatre selon une publication de la Fondation Jean Jaurès.
Pour Yahya, "c'est de la discrimination sociale", lance-t-il. "J'ai fait de bonnes études, je suis allé à Louis-Le-Grand (lycée parisien prestigieux), j'ai un stage rémunéré, je bénéficie d'une bourse !" énumère-t-il avec lassitude.
Changer de prénom pour que le dossier ne soit pas "jeté à la poubelle"
L'étudiant, d'origine italo-marocaine, pense avoir été victime de discrimination ethnique. Il raconte que des agents immobiliers et des propriétaires lui ont plusieurs fois posé des questions déplacées. "On me demande ma nationalité, où vivent mes parents, s'ils travaillent en France ou pas. On me cuisine, regrette-t-il. On m'a même demandé mon titre de séjour alors que je suis né en Italie et que c'est dans l'espace Schengen", s'étonne l'étudiant avant de confier avoir "plusieurs fois changé de prénom pour ne pas que mon dossier soit immédiatement jeté à la poubelle".
L'étudiant est aussi confronté au problème des arnaques en ligne. "Ce sont souvent des personnes qui disent habiter à l'étranger et qui nous demandent une caution pour assurer la visite. C'est toujours le même schéma, le même template de mail... Parfois on y croit et en fait on se rend compte que c'était un arnaqueur", raconte Yahya.
Yahya est aussi tombé sur des propriétaires "qui annulent à la dernière minute". "Une fois, un propriétaire m'a envoyé un sms pour annuler la visite à peine 15 minutes avant", ajoute-t-il.
"Mes parents m'ont proposé de faire des allers-retours Paris/Lille tous les jours !"
Yahya, étudiant de 22 ansà franceinfo
En attendant de trouver un logement, Yahya dort chez des amis. "Mes affaires sont éparpillées dans cinq appartements différents. Je préfère en rigoler plutôt qu'en pleurer", dit-il avant de souhaiter "bonne chance" aux étudiants qui voudront trouver un appartement pendant les Jeux de Paris 2024. À noter que le tribunal administratif de Paris vient de suspendre en référé la décision du Crous de limiter les baux des logements étudiants au 30 juin, en vue des JO de Paris 2024 afin d'accueillir le personnel de l'événement.
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