Trois membres de la commission sur la parentalité démissionnent dès le premier jour de travail

Les sociologues Claude Martin et Irène Théry et la chercheuse au CNRS Agnès Martial ont claqué la porte de la commission scientifique lancée par Aurore Bergé.
Article rédigé par franceinfo
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La ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, le 30 août 2023 à l'Elysée, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Pour son premier jour de travail, la commission scientifique lancée par Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, compte déjà trois scientifiques en moins. Les sociologues Claude Martin et Irène Théry et la chercheuse au CNRS Agnès Martial ont démissionné de la commission scientifique sur la parentalité installée par le gouvernement, lors de la première réunion organisée ce lundi, annonce Irène Théry au Monde

Ces derniers ont dénoncé l'entretien d'Aurore Bergé, publié dimanche 10 décembre dans La Tribune Dimanche. Dans les colonnes du journal économique, la ministre présente les travaux des scientifiques comme une réponse aux émeutes survenues après la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 27 juin 2023. "Agnès Martial, Claude Martin et moi (...) avons regretté que les travaux à venir soient placés sous l’égide de méthodes répressives", a précisé Irène Théry au journal Le Monde. La sociologue de la famille a aussi tenu à déplorer, avec ses collègues démissionnaires, "la confusion faite entre les politiques et les chercheurs".

"Notre angle, c'est la prévention"

Un peu plus tôt ce lundi, sur franceinfo, la coprésidente de la commission sur la parentalité, Hélène Roques, avait critiqué elle aussi l'une des premières mesures de la ministre des Solidarités et des familles. Dans les colonnes de Tribune Dimanche, Aurore Bergé avait annoncé la mise en place de travaux d’intérêt général pour les "parents défaillants". "Cela mettrait ces parents en situation vis-à-vis de leurs enfants d'être eux-mêmes - entre guillemets - des délinquants", avait regretté Hélène Roques. Or, les membres de cette commission "sont animées par le désir de soutenir la parentalité", a expliqué la coprésidente du groupe de scientifiques. "Notre angle, c'est la prévention. Agir en amont des crises de notre société", avait-elle ajouté.

Dimanche 10 novembre, le second coprésident de cette commission, le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez, interrogé par franceinfo, avait lui aussi tenu à s'éloigner de cette première mesure annoncée par la ministre. "On va aller dans le sens du soutien" des "familles en difficulté plutôt que dans le sens de surveiller et punir", a-t-il affirmé sur franceinfo. La mise en place de travaux d'intérêt général pour les "parents défaillants" s'éloigne de la démarche de Serge Hefez, "sauf si on peut élargir cette notion à des systèmes d'information qui aident les parents à restaurer les processus d'autorité". 

La commission sur la parentalité est chargée depuis ce lundi, après six mois de travaux, de faire des "propositions concrètes" pour "relever les défis de la parentalité", a expliqué Aurore Bergé. Parmi les propositions avancées par le coprésident de cette commission, Serge Hefez, il y a le rétablissement de lieux, sous le modèle des Maisons vertes de Françoise Dolto créées en 1979, pour apporter "des aides un petit peu naturelles de soutien à la parentalité quand les parents sont dépassés par la situation".

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