Le record de longévité de Jeanne Calment est-il une imposture ? Un chercheur juge "abracadabrantesque" une thèse russe
Des chercheurs amateurs russes affirment que Jeanne Calment est en réalité morte dans les années 1930 et que sa fille aurait pris sa place. Selon l'Inserm, cette thèse ne tient pas.
L'âge de Jeanne Calment est une escroquerie, selon un passionné russe de généalogie. Yuri Deigin, directeur général d’une entreprise russe qui lutte contre le vieillissement, a publié une tribune sur la plate forme de blog Medium (en anglais), le 10 décembre, où il assure que l'ancienne doyenne de l'humanité morte à l'âge de 122 ans en 1997, serait en fait décédée dans les années 1930. Sa fille Yvonne aurait pris sa place pour éviter à la famille de payer des impôts sur l'héritage.
Cette thèse passée au départ inaperçue en France, a été largement relayée et commentée sur les réseaux sociaux, dimanche 30 décembre. Elle s'appuie sur une interview du gérontologiste russe Valery Novoselov et de la publication d'un ex-doctorant russe en mathématiques, Nikolay Zak. Ils estiment que des récits de la doyenne ne correspondent pas à la réalité de l'époque. Ils ont également analysé la forme des oreilles de la fille et de la mère afin de prouver cette imposture supposée.
"Prêt à poursuivre le débat"
"Tout cela est complètement bancal et ne repose sur rien", a vivement réagi, dans Le Parisien, Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et co-validateur du record de longévité de Jeanne Calment. "On n’a jamais autant fait pour prouver l’âge d’une personne, développe-t-il.
On n’a jamais rien trouvé qui nous permettait d’émettre le moindre soupçon sur son âge. On a eu accès à des informations qu’elle seule pouvait connaître, comme le nom de ses professeurs de mathématiques ou de bonnes passées par l’immeuble.
Jean-Marie Robine, directeur à l'Insermau "Parisien"
Le chercheur de l'Inserm estime également que l'entourloupe aurait été bien trop compliquée à mettre en place. "Vous imaginez le nombre de personnes qui auraient menti ? Du jour au lendemain, Fernand Calment [le mari de Jeanne Calment décédé en 1942] aurait fait passer sa fille pour son épouse et tout le monde aurait gardé le silence ? C’est abracadabrantesque", lance-t-il.
Le Russe Nikolay Zak, contacté par le quotidien, défend sa thèse. "Cette recherche ne doit pas être présentée comme une théorie du complot infondée. Il y a beaucoup de faits et de travail derrière", affirme-t-il. De son côté, Jean-Marie Robine assure être "prêt à poursuivre le débat".
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