Féminicide de Chahinez Daoud : la famille de la jeune femme veut attaquer l'État pour faute lourde
L'avocat des parents de Chahinez Daoud, assassinée par son mari à Mérignac en 2021, Julien Plouton, annonce, ce vendredi 10 mars, à France Bleu Gironde qu'il va lancer une procédure pour faute lourde contre l'État. L'avocat pointe du doigt une série de "dysfonctionnements du service public de la justice" entre la condamnation du suspect pour violences conjugales le 25 juin 2020, et l'assassinat de Chahinez Daoud dix mois plus tard.
Le 4 mai 2021, Chahinez Daoud, 31 ans, a été brûlée vive en pleine rue par son mari, alors qu'elle avait déposé plainte pour des violences un mois et demi plus tôt. Me Julien Plouton dénonce dans cette procédure presque un an "d'erreurs, de défaillances consternantes et de négligences cumulées".
Alors qu'il est incarcéré après des accusations de violences conjugales, et malgré l'interdiction, le mari de Chahinez a appelé à 36 reprises la jeune femme, lui promettant de revenir au domicile conjugal, affirme Me Julien Plouton. La victime décide alors de porter plainte pour la première fois, mais le juge d'application des peines n'en est pas avisé.
Un million d'euros de dédommagement
Selon Me Julien Plouton, lorsque le suspect sort de prison, ni Chahinez, ni son avocate n'en sont informées. Trois mois et demi plus tard, le 15 mars 2021, la mère de famille est agressée en sortant du supermarché. Son conjoint la force à monter dans un fourgon, il la frappe et la menace de l'étrangler. Elle porte donc une nouvelle plainte, doublée le lendemain d'un appel à la police. Les forces de l'ordre émettent une fiche de recherche, mais l'homme reste libre. Lors de deux entretiens avec son agent de probation, il avoue avoir repris contact avec Chahinez.
L'avocat de la famille de Chahinez estime que ces incidents attestent d'une faute lourde de l'État. Me Julien Plouton réclame un million d'euros de dédommagement, mais il assure que cette démarche est avant tout symbolique. Il a en effet l'impression que depuis rien n'a changé, évoquant notamment le féminicide survenu la semaine dernière à Saint-Laurent-d'Arce (Gironde) : "On n'a pas encore réussi à endiguer ce phénomène", déplore-t-il. "Malgré les efforts entrepris par le gouvernement, malgré des dotations en termes de matériel, il y a encore un travail important à faire, notamment au niveau de la sensibilisation des services d'enquête, sur la réactivité qu'il faut avoir dans ce genre de dossier", indique Me Julien Plouton à France Bleu Gironde.
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