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Féminicide de Sandra en 2015 : au procès de son compagnon à Douai, un policier évoque une "scène d'une violence" jamais vue

Le procès d'un fémincide commis en 2015 à Hazebrouck dans le Nord, s'est ouvert ce mardi à Douai. La victime avait alerté plusieurs fois la police pour des faits de violence conjugale.
Article rédigé par franceinfo, Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le palais de justice de Douai, dans le Nord, le 17 mars 2017. (Sebastien JARRY/MAXPPP)

Le procès d'Hocine Hamoudi s'est ouvert mardi 14 mars à Douai. Cet homme est accusé d'avoir tué et violé sa compagne, Sandra, dont le nom de famille est occulté pour protéger ses enfants, en 2015 à Hazebrouck, dans le Nord. Il comparaît jusqu’au vendredi 17 mars devant la Cour d'assises du Nord.

Lors de cette première journée d'audience, plusieurs témoignages ont illustré la violence des faits. D'abord celui du sapeur-pompier qui est arrivé au domicile de la victime ce 1er mai 2015. C'est Rodolphe, le fis ainé de Sandra, qui a accouru, paniqué à la caserne des pompiers. Il crie, "il l’a tuée, elle est morte, venez m’aider, elle est morte !", le pompier découvre le corps de Sandra, tente un massage cardiaque, en vain, il est déjà trop tard.

Un policier présent sur les lieux explique avoir traité beaucoup de violences conjugales dans sa carrière, "mais une scène d’une telle violence, jamais". Une violence décrite par le médecin légiste avec ce chiffre terrifiant : 143 lésions constatées sur le corps de la victime avec de multiples fractures, au crâne, aux mâchoires, sur le nez, les côtes, les jambes, les bras. Deux couteaux ont été utilisés, des ciseaux, des fourchettes ainsi que des barreaux de chaise. Des blessures hors du commun selon le médecin qui ajoute : "on les voit habituellement dans des accidents de la route ou après des chutes de très grande hauteur".

L'accusé ne reconnaît pas le viol, ni l'intention de donner la mort

L'accusé reconnaît les faits mais en minimise une partie. "Oui c’est moi qui ai porté les coups" dit-il dans le box vitré, "j’en suis coupable". Hocine Hamoudi reconnaît les coups donnés mais pas le viol. Il reconnait les coups portés, mais c'était sans l'intention de tuer selon lui, il ne reconnaît pas le meurtre. L’accusé s’adresse à la famille de Sandra, sans vraiment la regarder "la voir ici est très fort" affirme-t-il, "c’est un big pardon que je veux demander mais même le mot pardon est trop petit, minuscule".

Un peu plus tard, Hocine Hamoudi cite Sandra quand la présidente de la Cour passe en revue son casier judiciaire. "Parle pas de ma mère, dis pas le nom de ma mère !" lâche Rodolphe, le fils aîné de la victime, les yeux remplis de colère. La famille de Sandra est présente en nombre, il y a ses quatre enfants, Rodolphe, mais aussi ses deux sœurs et son frère. Les trois sœurs de la victime sont aussi là, comme sa mère, qui est apparue très affectée, souvent le visage humide, au bord du malaise parfois et qui demande du soutien pour marcher.

Plusieurs plaintes déposées contre l'accusé par la victime

Cette affaire a été marquée par de multiples dysfonctionnements. La victime avait à plusieurs reprises alerté les services de police. En juin 2014, Sandra dépose une première plainte après son passage aux urgences. Son visage est tuméfié et son corps couvert de bleus, elle évoque des coups de poings de son compagnon et même des coups de tournevis. À l'origine de la dispute : son intention d'arrêter de se prostituer pour lui. Un mois plus tard, elle retire sa plainte sous la pression d'Hocine Hamoudi, elle dit avoir menti, l'affaire est classée sans suite. En avril 2015, alors que la police est intervenue entretemps plusieurs fois à son domicile, Sandra est à nouveau agressée par Hocine Hamoudi qui se rend chez elle et brise la vitre de la véranda avec un vélo.

Elle dépose plainte mais écope d'un rappel pour avoir menacé son compagnon avec un couteau. Hocine Hamoudi est convoqué pour une audience deux mois plus tard, mais n'est pas jugé en comparution immédiate et ne subit pas de contrôle judiciaire. Deux semaines plus tard, il tue sa compagne.

À l'époque, Hocine Hamoudi a déjà 11 condamnations dans son casier judiciaire. Il a depuis été condamné à trois ans de prison pour violence et proxénétisme sur une autre femme. Libéré en pleine épidémie de covid quand il fallait réduire la surpopulation carcérale, il est désormais à nouveau derrière les barreaux, en détention provisoire, une autre compagne, l’accusant à son tour de viol et de violence.  

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