Agressions sexuelles chez les jeunes socialistes : "Ça me glace, ça me stupéfie", confie Laura Slimani, ex-présidente du MJS
Laura Slimani, cadre des jeunes socialistes, a réagi au micro de franceinfo après les accusations de viols, d'agressions et d'harcèlement sexuels contre l'un de ses collègues, Thierry Marchal-Beck.
Le Parti socialiste demande "des suites judiciaires" au lendemain des révélations d'accusations d'agressions sexuelles contre un ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) de 2011 à 2013. Thierry Marchal-Beck est mis en cause par huit femmes, selon le journal Libération, et aurait agi de 2010 à 2014.
Laura Slimani, qui lui avait succédé en prenant la tête du MJS de 2013 à 2015, faisait partie de sa garde rapprochée : elle avait rejoint l'équipe des "permanents" au Bureau national du mouvement en 2012.
Elle a réagi sur franceinfo mercredi 15 novembre, assurant n'être au courant de rien "et en même temps, je ne peux pas m'empêcher de refaire le film dans ma tête et de me dire qu'il y a peut-être des moments où j'aurais pu faire des choses et que je ne les ai pas forcément faites". Elle a ajouté que, pour lutter contre l'omerta, "il faut mettre en place des mécanismes qui font que ces comportements puissent être détectés rapidement (...) et que ces personnes [qui les signalent] puissent se sentir protégées".
franceinfo : Comment vous sentez-vous, après ces révélations ?
Laura Slimani : Ça me glace, ça me stupéfie parce qu'à la fois je ne savais pas et qu'en même temps, je ne peux pas m'empêcher de refaire le film dans ma tête, et de me dire qu'il y a peut-être des moments où j'aurais pu faire des choses et que je ne les ai pas forcément faites. En tout cas, je n'avais pas connaissance de la multiplicité de ces agressions, de leur ampleur, de leur violence. Comme tout le monde, j'ai été extrêmement choquée par ce que j'ai pu lire dans Libération. [Aucune situation ne m'avait interpellée] spécialement, pas au-delà de soirées dans lesquelles il y a un moment donné des rapprochements entre des personnes, mais de façon complètement consentie et comme ça peut exister dans beaucoup d'organisations, de jeunesse notamment. Mais non, je n'avais pas du tout connaissance qu'il y avait eu des comportements de l'ordre de l'agression sexuelle.
Il y a eu des signalements bien avant ces révélations dans la presse : y a-t-il une forme d'omerta ?
J'ai lu l'article de Libération. A priori, il ne fait pas référence à des signalements précis, à des personnes précises qui auraient su et qui n'auraient pas dit. Je n'ai pas eu connaissance de ces signalements ni en tant que permanente, ni en tant que présidente du Mouvement des jeunes socialistes (...) Ce qui me rend particulièrement triste, c'est que ces femmes n'ont pas pu parler parce qu'un certain nombre ne se sont pas senties protégées. C'est la première chose sur laquelle on peut se blâmer individuellement et collectivement : il n'y avait pas par rapport à ces sujets le climat de sécurité qui devrait régner dans toute organisation.
Reconnaissez-vous Thierry Marchal-Beck dans les agissements qui sont décrits ?
Non, mais en même temps, on ne connaît jamais quelqu'un de manière parfaite. Et entière. Ce n'est pas la personne que je connais. Et en même temps je n'ai aucun doute aujourd'hui sur la véracité de ces témoignages au vu de leur concordance et de leur nombre. (...) Je pense qu'il faut mettre en place des mécanismes qui font que d'une part, ces comportements, quand ils ont lieu, puissent être détectés rapidement (...) et que ces personnes puissent se sentir protégées. Ça veut dire mettre en place des cellules d'écoute, des personnes chargées de ces cellules d'écoute et faire en sorte qu'il ne puisse pas y avoir ensuite de mécanismes de pression qui font qu'on ne parle pas et qu'on a un phénomène d'omerta qui se crée.
Qu'avez-vous envie de dire à Thierry Marchal-Beck ?
Je suppose qu'il est en train de construire sa défense, mais ni lui, ni aucun autre homme n'est autorisé à commettre ce type d'actes. Je ne peux pas lui dire autre chose que ça. Pour nous toutes et tous, c'est très difficile, bien sûr. J'ose espérer qu'il en a conscience.
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