: Document franceinfo Emmanuelle Béart victime d'inceste : "Il faut que ce cri serve à mobiliser tous les adultes", affirme Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l'Enfance

"Il faut vraiment que ce cri serve à mobiliser tous les adultes", a affirmé mardi 5 septembre sur franceinfo Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat auprès de la Première ministre, chargée de l'Enfance, alors que l'actrice Emmanuelle Béart révèle publiquement avoir été victime d'inceste entre ses 10 ans et ses 14 ans dans un documentaire qu'elle a coréalisé et qui sera diffusé sur M6 le 24 septembre à 23h10.

"Si vous avez un doute, appeler le 119, dénoncez, ne laissez rien passer de vos pulsions et de vos constatations, les images pédocriminelles qui circulent partout, tous ces comportements un peu tendancieux que les adultes peuvent avoir", lance la ministre. 

Ne plus rien laisser passer, c'est une urgence, c'est un combat, c'est le combat principal

Charlotte Caubel, secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance

à franceinfo

Charlotte Caubel rappelle "la réalité en chiffres" de l'inceste grâce au travail "formidable de la Ciivise" (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants). "A peu près un adulte sur dix a subi dans son enfance l'inceste", précise la secrétaire d'Etat. "Autour de vous, vous avez certainement croisé des gens qui ont vécu l'inceste. Et vous avez donc aussi très certainement croisé des gens qui ont commis l'inceste. Donc une réalité extrêmement violente. Vous entrez dans une classe aujourd'hui, trois enfants certainement subiront un jour l'inceste."

Charlotte Caubel tient à mettre en avant l'importance des témoignages présents dans le documentaire d'Emmanuelle Béart. Ils permettent de mesurer "l'ampleur du phénomène", mais également "le traumatisme que cela cause à ces enfants qui ne dorment plus, ces enfants qui, dans leur environnement personnel, sont dans une insécurité". A l'image de la comédienne Emmanuelle Béart confiant qu'elle "craignait ça pendant quatre ans", la secrétaire d'Etat pointe "le traumatisme extrêmement puissant pour des enfants. Il conduit à des vies fracturées qui peuvent être des belles vies - celle d'Emmanuelle Béart en est un témoin – mais qui mettent beaucoup de temps à se reconstruire. Il a fallu 60 ans pour Emmanuelle Béart pour mettre des mots sur ce traumatisme".

Pour libérer la parole des enfants, Charlotte Caubel veut "prendre tous les moyens d'écouter, de repérer, d'entendre les enfants", notamment via "des unités d'accueil pédiatriques". "Toute la chaîne doit être très attentive, les professeurs, les éducateurs sportifs, les parents eux-mêmes." 

Une campagne de prévention volontairement "choquante" annoncée "dans les 15 jours"

Une grande campagne gouvernementale sera annoncée "dans les quinze jours qui viennent", précise Charlotte Caubel. Diffusée en parallèle du documentaire intitulé "Un silence si bruyant", cette campagne "sera choquante, parce que cette affaire concerne tout le monde, concerne tous les adultes". "Elle est aussi destinée à ceux qui peuvent devenir auteurs", ajoute la secrétaire d'Etat. Il s'agit de "lutter contre toute forme de banalisation". Elle pointe le "nombre d'images d'enfants volées en ligne qui circulent avec une espèce de banalité et un sentiment d'impunité". Charlotte Caubel alerte sur "les images de nos enfants que nous mettons sur Facebook, Tik Tok" qui sont "utilisées par des gens pour assouvir leurs pulsions". 

Charlotte Caubel fait enfin le point sur la mission de la Ciivise, lancée en janvier 2021 et dont les travaux doivent se terminer fin décembre. Elle a reçu 25 000 témoignages, selon Edouard Durand le co-président de la Ciivise qui estime sur franceinfo que "la Ciivise doit continuer sa mission". "C'est le président qui a installé la Ciivise. C'est le président, évidemment, qui décidera ce que deviendra la Ciivise", affirme la secrétaire d'Etat. "C'est grâce à la Ciivise qu'on a pu entendre des milliers de victimes qui nous ont parlé de leur vécu, de leur traumatisme", salue Charlotte Caubel. Mais selon elle, "le combat n'est pas celui que de la Ciiivise. Le combat est un combat collectif. Aucun gouvernement n'aura fait autant sur ce sujet des violences faites aux enfants". "Faisons un combat d'abord individuel et sociétal avant de savoir s'il faut effectivement faire des réponses institutionnelles", ajoute la secrétaire d'Etat. "C'est un combat de tout un chacun, de vous, de moi, d'être vigilant sur tous les enfants et de ne rien laisser passer."