Harcèlement sexuel à l'hôpital : "Que l’on soit à Bordeaux, Lille, Paris, Tours, c’est quelque chose qui ressort fréquemment"
Depuis l'affaire Weinstein, la libération de la parole montre que le harcèlement sexuel sévit aussi dans le milieu hospitalier où des étudiantes témoignent de comportements déplacés et de la difficulté à les dénoncer.
Deux étudiantes en médecine témoignent, samedi 28 octobre du harcèlement sexuel en milieu hospitalier. Ces comportements déplacés constituent "un problème à l'hôpital", a admis jeudi Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).
Pour Maeva, 26 ans, interne en médecine, les comportements inappropriés ont commencé au début de ses études. La première fois, raconte-t-elle, l'auteur était le chef d’un service de réanimation.
Il nous a demandé comment s’était passé la nuit avec notre copain, puis : 'qu'est-ce votre copain aime que vous lui fassiez ?'
Maeva, interne en médecineà franceinfo
Ce médecin, responsable de service, venait dans le vestiaire des filles, ajoute Maeva. Quand il sentait qu’une personne était un peu fragile ou n’osait pas répondre, il agissait de plus belle et c’était plus sournois, confie la jeune femme, qui ajoute toujours connaitre des situations déplacées et loin d'être isolées. "À l’occasion de rencontres entre les internes de tous les hôpitaux de France, on se raconte tout ça. Peu importe que l’on soit à Bordeaux, à Lille, à Paris, à Tours, c’est quelque chose qui ressort fréquemment".
Sabrina Ali Benali, également interne en milieu hospitalier, explique que le harcèlement qu'elle a subi lui a fait prendre conscience de la difficulté d'en parler , en raison du lien hiérarchique avec l'agresseur. C'était un chirurgien pour lequel elle rédigeait un compte-rendu, en tant qu'externe, dit-elle. "J'ai senti deux mains se poser sur mes épaules. C’était un massage", témoigne Sabrina, qui rappelle que les médecins valident les stages, le travail des étudiants.
Dans ces cas de harcèlement, le rapport de subordination change complètement la donne. Nous sommes soumis à leur validation, leur appréciation. Et on a peur de s’opposer à eux.
Sabrina Ali Benalià franceinfo
L'Ordre des médecins, chargé de veiller au respect de la déontologie de la profession, a encouragé vendredi les victimes de harcèlement sexuel à "porter plainte devant ses instances" disciplinaires.
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