"L'alcool facilite ce type de violences" : dans le milieu étudiant, près de la moitié des agressions sexistes et sexuelles ont lieu pendant des soirées

Un quart des femmes et un tiers des personnes LGBT déclarent avoir subi au moins une agression sexuelle ou un viol depuis le début de leurs études supérieures. L'association France Victimes réclame des moyens supplémentaires pour prévenir et dénoncer ces violences.
Article rédigé par franceinfo
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L'enquête a été réalisée auprès de 67 000 étudiantes et étudiants entre 2023 et 2024. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Les fêtes étudiantes représentent-elles toujours des lieux risqués en termes de violences sexistes et sexuelles ? Cela fait plusieurs années que le sujet a éclaté au grand jour. Des actions sont mises en place mais visiblement ça ne suffit pas : le ministère de l’Enseignement supérieur a publié, mercredi 2 octobre, une enquête réalisée auprès de 67 000 étudiantes et étudiants entre 2023 et 2024. On y apprend qu’un quart des femmes et un tiers des personnes LGBT déclarent avoir subi au moins une agression sexuelle ou un viol, ou une tentative de ces actes, depuis leur arrivée dans leur université ou grande école. Dans le détail, ce qui marque c’est le lien entre ces violences et les contextes festifs.

La consommation d’alcool est présente dans plus de la moitié des violences sexuelles, que ce soit du côté des auteurs ou des victimes. Pour Gaëlle Berton, présidente de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, la boisson n’est pas la cause de ces faits mais les aggrave : "Pour les victimes, être en contexte festif entraîne une difficulté à comprendre ce qui s'est passé, à mettre des mots dessus. Les auteurs, de leur côté, ont une notion de déresponsabilisation, de dire : 'Je ne savais pas vraiment ce que je faisais.' Du coup, l'alcool vient faciliter, justifier ce type de violences."

"La responsabilité de l'établissement"

Près de la moitié des agressions ou tentatives se produisent pendant des fêtes, montre le rapport. Elles sont plus fréquentes quand la nuit est bien entamée plutôt qu’en début de soirée. Des progrès ont bien été accomplis depuis plusieurs années, remarque la militante mais le chemin est encore long : "On remarque qu'il y a une mobilisation des associations étudiantes, ce qui est tout à fait positif, sauf que ça ne doit pas être un travail des associations étudiantes mais la responsabilité de l'établissement. On remarque que des établissements sont extrêmement volontaristes, mettent le budget nécessaire, mais d'autres établissements ne vont rien mettre en place." En cas de viols ou d'atteintes sexuelles dans le cadre de soirées étudiantes, "les écoles doivent aussi assumer", insiste Jérôme Moreau, porte-parole et vice-président de l'association France Victimes. Selon lui, il faut "sanctionner sur le plan pénal, mais aussi sur le plan universitaire et les exclure définitivement". Un élève qui triche à un examen "peut se prendre jusqu'à cinq ans d'exclusion", souligne-t-il. "Sur une affaire de viol, on doit aller beaucoup plus loin".

L’enquêtedu ministère montre également que les suites judiciaires sont très rares : la victime d’un viol porte plainte dans 8% des cas seulement. France Victimes réclame jeudi sur franceinfo des "moyens supplémentaires" pour prévenir et dénoncer ces violences. Dans le cadre festif des soirées étudiantes, la consommation excessive d'alcool pose deux problèmes, selon Jérôme Moreau.

"Les victimes se sentent coupables d'avoir consommé de l'alcool, c'est un facteur d'aggravation de leur honte alors que les agresseurs, eux, se sentent décomplexés, parce qu'ils ont bu de l'alcool".

Jérôme Moreau, porte-parole et vice-président de l'association France Victimes

à franceinfo

"Une victime ne doit jamais avoir honte", rappelle Jérôme Moreau. "Un agresseur est toujours coupable, de ce qu'il a fait, quelle que soit la substance qu'il a consommée. Ce n'est absolument pas un fait justificatif"

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