"Etre neutre c'est être du côté de l'agresseur", dénonce le juge Durand, ancien co-président de la Ciivise

Malgré son éviction de la Ciivise en décembre dernier, le magistrat continue de dénoncer "les défaillances" du système concernant les violences sexuelles sur les enfants.
Article rédigé par franceinfo
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Édouard Durand a co-présidé la Ciivise pendant deux ans, entre janvier 2021 et décembre 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

La parole d'Édouard Durand se fait rare depuis son éviction de la présidence de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), en décembre 2023, mais elle est toujours forte. Invité de France Culture vendredi 1er mars, après la publication de son pamphlet intitulé "160 000 enfants. Violence sexuelle et déni social", le magistrat continue de dénoncer "les défaillances" du système concernant les violences sexuelles sur les enfants. "L'interdit n'est pas de violer, l'interdit c'est d'en parler", pointe du doigt le juge pour enfants.

Dans son livre (de la collection Tracts, chez Gallimard), le magistrat explique qu'une scène de violence sexuelle est composée de trois protagonistes : la victime, l'agresseur et le tiers. Le tiers étant "les institutions, la société", et, selon lui, c'est ce tiers qui est défaillant : "Il préfère la position du spectateur, une position qui est due à l'impunité des agresseurs." Pourtant, "être neutre c'est être du côté de l'agresseur", clarifie le juge Durand.

Encore trop peu de soutien

Édouard Durand pointe également du doigt "une politique publique" qui ne soutient pas les victimes et rappelle que dans 92% des cas, les enfants qui révèlent les violences qu'ils ont subies ne sont pas soutenus par des adultes. Il insiste : "Pour qu'un enfant victime révèle les violences qu'il subit, il faut qu'il ait la garantie qu'il sera protégé et cru." Or, le rapport de la Ciivise révèle que 60% des professionnels qui entendent une révélation d'enfant ne font rien.

Le magistrat ne cache pas son inquiétude face à ces chiffres. La Ciivise avait pourtant rendu 82 préconisations après trois ans de travail, parmi lesquelles la formation des professionnels, le repérage par le questionnement systématique ou la lutte contre l'impunité. Ainsi, il salue les prises de paroles publiques à ce sujet : "La parole d'une personnalité comme Judith Godrèche est importante parce que beaucoup se reconnaissent en elle." L'actrice française a récemment dénoncé les agressions sexuelles et viols qu'elle a subis et a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

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