: Vidéo Lutte contre les abus sexuels dans le sport : les révélations d'"Envoyé spécial" et Disclose
Lors d'une enquête sur les abus sexuels dans les clubs de sport, "Envoyé spécial" a recueilli le témoignage d'un ancien joueur de ping-pong. Comment son entraîneur, condamné pour les agressions sexuelles qu'il lui a fait subir, a-t-il pu retrouver des responsabilités dans un autre club à l'autre bout de la France ?
Comment un entraîneur sportif déjà condamné pour agressions sexuelles sur mineur peut-il retrouver, au mépris de la loi, un poste au sein d'une association, au risque de faire de nouvelles victimes ? Pourquoi certains clubs ne contrôlent-ils pas le casier judiciaire de leurs éducateurs sportifs ?
Pendant huit mois, "Envoyé spécial" avec le média d'investigation Disclose a travaillé sur 77 affaires d'abus sexuels qui concernent 28 sports (athlétisme, gymnastique, judo, natation, ping-pong...). Partout en France, l'équipe du magazine a identifié 276 victimes : des jeunes qui s'entraînent l'après-midi, pour le plaisir ou dans l'espoir de monter un jour sur le podium.
Une histoire emblématique
Parmi ces histoires emblématiques, qui révèlent de graves dysfonctionnements à tous les niveaux des institutions sportives, voici celle de "Maxime" (le prénom a été modifié à sa demande), un ancien joueur de ping-pong lyonnais.
"Tout a commencé quand j'avais 10, 11 ans, raconte le jeune homme. J'avais un statut particulier à ses yeux. Ça, je l'ai remarqué tout de suite." D'abord, des questions de son entraîneur sur sa puberté, sa sexualité. Le préadolescent est alors plutôt en demande d'éducation sur un sujet tabou dans sa famille. Ensuite, l'homme passe aux attouchements. "Il voulait savoir combien mesurait mon sexe. Et puis il vérifiait, semaine après semaine..." Puis viennent les actes.
"Ça s'est déroulé sur des années"
Trente ans après, le souvenir d'une soirée lors d'un stage de ping-pong hante encore Maxime. L'entraîneur a pris une chambre d'hôtel et lui impose une fellation. Pendant des années, il va recommencer, toutes les semaines, à chaque entraînement particulier. Et même pendant les vacances, lorsque l'adolescent est confié à son "bourreau", devenu un ami de sa famille.
Condamné en 2006 à cinq ans de prison
Un jour pourtant, Maxime ose dire non, et les agressions cessent. Ensuite, écrasé par la honte, il se tait. A 23 ans, il trouve le courage d'écrire une lettre à son frère pour tout lui raconter, et lui annoncer son intention de porter plainte. Ce qu'il fera en 2000. Son agresseur est condamné en 2006 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis.
Juge-arbitre dans un autre club en 2019
Mais à sa sortie de prison, il refait surface à l'autre bout de la France, en Bretagne. Sur les photos du club de ping-pong de Brest, on le voit au milieu d'adolescents. Il y est responsable de l'organisation de tournois, et aussi juge-arbitre. Maxime n'en revient pas : "Le fait qu'il soit encore dans un club de ping-pong, à refaire peut-être les mêmes choses, ça paraît assez incroyable."
Extrait de "Pédophilie dans le sport, l'omerta", une enquête de Wandrille Lanos, Daphné Gastaldi et Mathieu Martinière avec Disclose, à voir dans "Envoyé spécial" le 12 décembre 2019.
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