Vingt ans après sa condamnation pour viol, le dossier de Farid El Haïry examiné par la cour de révision après que la plaignante a confessé "avoir menti"
La cour de révision examine ce jeudi la demande de réhabilitation de Farid El Haïry, un Nordiste de 41 ans condamné en 2003 par la cour d’assises des mineurs de Douai pour "viol" et "agressions sexuelles". L’adolescente de 15 ans qui l’avait accusé a reconnu, 20 ans plus tard, avoir menti.
"Je confesse avoir menti", écrit Julie D. dans une lettre envoyée au procureur de la République de Douai en 2017, soit près de 20 ans après avoir accusé Farid El Haïry. Elle affirme que c'est en fait son grand frère qui l'a violée dans son enfance.
En 1998, Julie D. a 14 ans, Farid El Haïry en a 17 quand est placé en détention provisoire, pendant presque un an. En 2003, il est condamné par la Cour d'assises des mineurs de Douai pour "viol" et "agressions sexuelles". Lui a toujours nié mais après toutes ces années, il avait perdu l'espoir d'être innocenté, selon son avocat Franck Berton. "Il n'a eu de cesse pendant les premières années, pendant l'enquête, pendant l'instruction, pendant son procès, bien après, de dire 'je suis innocent'. Mais il ne pouvait plus imaginer qu'un jour on pourrait revenir sur cette innoncence et surtout la consacrer. Il ne l'a appris finalement qu'à l'été 2022, quand on lui a dit qu'elle était revenue sur ses accusations. Elle dit 'ce n'était pas vous', elle dit que son violeur était son frère. Et elle s'excuse".
"Ça a bouleversé Farid parce qu'il y a payé à la place d'un autre".
Me Franck Bertonfranceinfo
Farid El Haïry a aussi été bouleversé d'apprendre l'existence de cette procédure devant la Cour de révision. Alors pourquoi l'adolescente l'a-t-elle accusé lui ? Pourquoi a-t-il été condamné en 2003 ? Il y a eu des "dysfonctionnements" dans toute la chaîne judiciaire, selon Me Berton et selon l'avocate de l'accusatrice. Me Anne-Sophie Wagnon-Horiot précise : quand Julie D. parle du viol, à 15 ans, elle va très mal. Elle se confie à des proches mais elle ne dénonce pas son frère "pour protéger sa famille". Elle accuse à tort, ce jeune de sa ville.
À l'époque, les expertises psychologiques et psychiatriques disent que la lycéenne est crédible. "C'est qu'elle était bien victime. Mais pas de Farid El Haïry", souligne son avocate. Me Wagnon-Horiot insiste : "La parole d'un enfant ou d'une adolescente veut dire quelque chose. Mais il faut analyser, creuser, vérifier. Il doit y avoir enquête." Dans ce dossier, selon Me Berton l'enquête a été "scandaleuse et partiale" avec même "une dimension raciste", tranche l'avocat de Farid El Haïry. Ce dernier est âgé aujourd'hui de 41 ans. Si la Cour de révision annule sa condamnation et reconnaît donc une erreur judiciaire, il deviendra le douzième réhabilité depuis 1945.
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