Violences sexistes et sexuelles dans le milieu des échecs : des joueuses témoignent de ce qu'elles ont subi dans "un milieu ultra masculin"
Des mains aux fesses, des agressions physiques, des remarques sexuelles ou encore, des blagues rabaissantes. Le monde des échecs est secoué à son tour par des accusations de violences sexistes et sexuelles. 14 joueuses ont signé jeudi 3 août une tribune "pour que la peur et la culpabilité changent de camp". Elles dénoncent des agressions commises par d'autres joueurs, des entraineurs, des arbitres ou des dirigeants.
Andreea Navrotescu, 26 ans, six fois championne de France des jeunes fait partie des signataires. Elle a fini, dit-elle, par intégrer ce climat de violences sexistes et sexuelles. "J'ai plus eu affaire à des violences verbales, comme le classique 'tu joues bien pour une fille'. J'ai des amis très proches qui, elles, n'ont pas subi que des violences verbales. Des gars les poursuivaient, les traquaient dans chaque tournoi. Des situations assez alarmantes", décrit la jeune femme.
Andreea évoque aussi ces entraineurs condamnés dans des affaires de pédophilie. "Nous sommes convaincues, écrivent les joueuses dans leur communiqué, que ce harcèlement et ces agressions sont encore aujourd'hui l'une des principales raisons de l'arrêt du jeu d'échecs par des femmes et jeunes filles". La Fédération compte 20 % de joueuses au lieu de 35 % chez les moins de 10 ans.
De son côté, Yosha Iglesias s'est vue demander pendant un tournoi quelle somme elle prenait contre un acte sexuel. "Les joueurs d'échecs ne sont pas pire que la moyenne", mais elle note une spécificité de sa discipline, "le problème, c'est que c'est un milieu ultra masculin et intergénérationnel. C'est ce qui fait aussi la beauté et la richesse du jeu d'échecs en compétition mais c'est le seul domaine dans lequel des fillettes, des jeunes adolescentes, côtoient énormément d'adultes hommes".
Dans ce contexte, certaines signataires voudraient développer les tournois 100 % féminins, encore minoritaires. Ces joueuses ont le soutien de la Fédération française des échecs et de son vice-président Jean-Baptiste Mullon : "La première chose qu'on a souhaité faire, c'est être accompagné par l'association Colosse aux pieds d'argile depuis avril 2022. Elle permet aux victimes et aux témoins de signaler et d'être accompagnés, d'un point de vue psychologique, en équipe avec la cellule de la direction des sports du ministère qui est la cellule Signal Sport", explique-t-il.
"Par ailleurs, c'est notre rôle au sein d'une fédération, poursuit-il, de travailler auprès de nos assurances pour que les victimes de violence puissent être accompagnées financièrement dans leurs démarches pour que le signalement soit plus facile".
La Fédération traite une petite dizaine de plaintes. Les joueuses se félicitent de ce soutien mais elles voudraient que la situation change à l'international aussi. Depuis jeudi 3 août, près de 40 joueuses, notamment étrangères, ont ajouté leur signature à cette tribune.
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